Le marché algérien est de prime abord un marché de consommation de viandes fraîches ovines et bovines ; les viandes camelines et caprines étant marginalement consommées dans les régions du sud du pays. Mais, depuis quatre à cinq années, une nouvelle tendance a fait son apparition. Il s'agit de la consommation des viandes rouges congelées, à la suite de la réouverture du marché algérien aux viandes importées. Les chiffres de l'année 2005 sont à cet effet fort éloquents puisque, selon les statistiques officielles, il a été enregistré durant les neuf premiers mois de cette année, l'importation pour près de 100 millions de dollars en viandes rouges congelées. Bien évidement, le rétablissement du flux des importations de la viande est loin de pouvoir rééquilibrer les prix internes, et ce, tant les besoins restent importants et les circuits de commercialisation du bétail peu efficients. Les " filières viandes rouges " en Algérie reposent globalement sur des élevages bovins et ovins ainsi que, marginalement, des élevages camelins et caprins dont les niveaux de production restent modestes. Ces élevages, largement extensifs, sont articulés à un marché interne fort rémunérateur du fait du maintien de la demande à un niveau relativement élevé et de la faible élasticité de l'offre interne. Des aides publiques ont, certes, été octroyées depuis l'année 2000 dans le cadre du Programme national de développement agricole (PNDA), mais la production des viandes rouges n'a pas progressé de manière significative. Avec 18 millions de têtes, essentiellement des populations locales (Ouled Djellal, Rembi, Hamra, D'man, Barbarine, Berbère du Tell, Sidaou), le complexe " ovins-céréales - pâturage " domine ces filières. En termes économiques, ces élevages occupent une place prépondérante dans les comptes économiques agricoles. La valeur du patrimoine animal représente quelque 438 milliards de DA, alors que la valeur de la production est estimée à 161 milliards de DA. S'agissant du marché des viandes rouges, un certain nombre de faits peuvent être mis en exergue. Il faut savoir que la viande ovine algérienne est l'une des plus chère au monde. Le niveau excessivement élevé des prix est la résultante des synergies de facteurs, entre autres, un marché interne libre et structuré par le capital commercial privé, une faible élasticité de la production locale et un niveau de protection trop élevé, voire dissuasif, accentué par les politiques de restriction draconiennes à l'importation des viandes liées aux mesures de protection sanitaire. Aussi, les structures de prix sont dominées par les marges prélevées par les réseaux privés de commercialisation. En effet, le niveau des prix à la consommation des viandes ovines est fortement déterminé par l'importance des marges commerciales, le coût de production oscillant entre 240 et 300 DA / kg carcasse.