Le hall du superbe immeuble de verre situé à Djenane El-Malik (Hydra), habitué au calme, grouillait de monde en cette matinée de dimanche. Des agents de sécurité, sous la surveillance d'un encadrement discret, constitués en petits groupes attendaient impatiemment notre arrivée.108 agents observaient un mouvement de grève “en attendant que leurs collègues des autres sites (DP, rue du Sahara, Côte Rouge, Oued Smar, El-Harrach) suivent le mot d'ordre”, soit un total de 300 agents. À l'origine, une histoire d'affectation que ces travailleurs contractuels refusent de recevoir de la direction de Sonatrach-ACT. Ils rejettent l'idée de rejoindre leur poste au niveau de “2SP”, une entreprise spécialisée dans le gardiennage et la sécurité à caractère privé et sous-traitant avec Naftec, une filière de Sonatrach. “On nous affecte dans une société privée qui travaille pour le compte de Naftec. Nous ignorons tout de notre avenir, alors que le dernier arrivé d'entre nous a déjà une ancienneté de cinq ans. Il se trouve parmi nous des collègues qui sont là depuis dix ans, liés par contrats renouvelables. On nous a fait savoir que la ladite société où nous sommes affectés nous accorde un contrat qui ne saurait dépasser deux ans. Après cela, c'est l'incertitude totale”, s'angoissent-ils. L'administration leur a signifié que cette décision était liée à la privatisation qui toucherait l'entreprise d'origine. “Nous avons été surpris de recevoir des documents sur lesquels nous devions nous engager à être sous la responsabilité de “2SP”, chose que nous refusons”, déclare l'un des contestataires. Son collègue précise que la direction a commis plusieurs infractions en matière de contrats. Ces derniers, selon les agents mécontents, ne sont pas reconduits dans les délais : “Pourquoi nous font-ils signer des contrats après la date réglementaire ? C'est une infraction à la législation du travail.” Le syndicat national de Sonatrach se démarque de cette décision dans une correspondance adressée le 2 novembre dernier au PDG de Sonatrach. “Cette décision à laquelle le partenaire social n'a pas été associé, à quelque niveau que ce soit, touche au fondement de l'organisation de l'entreprise et inaugure de nouvelles méthodes en matière de relations de travail. Au sujet du cas des agents de sécurité, le syndicat national préconise d'explorer d'autres formes de traitement du dossier et estime que la solution peut être trouvée par le biais de la permanisation, un cas de droit au vu du nombre d'années d'exercice et du caractère permanent des tâches. Ces mêmes agents de sécurité ont assuré la protection des biens et des personnes pendant la période la plus pénible vécue dans l'environnement de Sonatrach”, explique-t-on. Mais à présent, les agents en question s'interrogent davantage sur leur avenir incertain que sur les affectations. Pour eux, Naftec, dont ils dépendent, risque de disparaître dans le cadre du processus de privatisation. “C'est malheureux que Sonatrach nous laisse tomber après tant d'années à son service. Nous sommes persuadés que nous perdrons tous nos emplois dans deux ans”, soulignent-ils. Jusqu'à hier, les agents étaient sur place dans le hall de l'immeuble, soutenus par leurs collègues des autres services. Mais apparemment, des instructions auraient été données pour les évacuer. “Samedi, on a fait appel à la police”, dit un agent. Selon les plaignants, l'inspection du Travail contactée aurait parlé d'irrégularités commises par l'entreprise à l'égard des travailleurs. “Nous ne baisserons pas les bras et si nécessaire, nous irons à la justice”, concluent-ils. Nos tentatives de rencontrer un responsable de l'administration Sonatrach sont restées vaines. Le chargé de la sécurité nous a signifié le refus de la direction de nous recevoir. A.F.