L'armée américaine a affirmé contrôler hier 70% de Falloujah, au troisième jour d'une vaste offensive, mais des responsables ont prédit des jours difficiles pour les GI's dans ce bastion sunnite irakien déserté par des chefs de la guérilla. Parallèlement, les attaques contre la police irakienne et l'armée américaine se poursuivaient ailleurs en Irak, notamment au nord de Bagdad où un des GI's a été tué dans une attaque à Balad et six gardes nationaux irakiens ont péri à Touz dans l'explosion de deux charges au passage de leur patrouille. “Les forces de la coalition contrôlent 70% de Falloujah. Il reste quelques poches de résistance. L'ennemi s'est regroupé dans le sud de la ville”, a indiqué un officier américain de haut rang, qui a requis l'anonymat. Au troisième jour de l'offensive “opération Aube” contre Falloujah, à 50 km à l'ouest de Bagdad, des accrochages se sont déroulés le matin dans le centre-ville au moment où les soldats ratissaient les rues, tandis que des explosions étaient entendues dans des quartiers nord. Selon un officier américain, des “tirs sont dirigés à partir des mosquées contre des soldats américains dans le centre-ville. Des insurgés sont embusqués dans les mosquées mais les Marines ne veulent pas intervenir. Si quelqu'un doit entrer dans ces lieux, ce sera l'armée irakienne”. Par ailleurs, des médecins de l'armée américaine ont été envoyés en renfort à l'Hôpital général de Falloujah pour aider à soigner les blessés civils, a indiqué cet officier, qui n'a pas fourni de bilan. L'armée américaine a atteint mardi soir le centre de la ville qui a été soumise à un déluge de feu de l'artillerie et de l'aviation. Dix soldats américains et deux autres irakiens ont été tués depuis le début de l'offensive, selon un bilan de l'armée établi mardi jusqu'à 15h30 (GMT). Un commandant américain a parlé de 20 rebelles tués. En rendant visite à des soldats blessés en Irak dans un hôpital de Washington, le président George W. Bush a jugé nécessaire cette opération pour mater les “terroristes” qui selon lui “veulent stopper la démocratie”. Un haut responsable du Pentagone, le général Thomas Metz, interrogé depuis l'Irak dans un point de presse retransmis au Pentagone, a indiqué que des chefs rebelles, dont l'islamiste extrémiste jordanien Abou Moussab Al-Zarqaoui, avaient probablement fui Falloujah et que Zarqaoui était traqué par les renseignements américains. Il a ajouté “s'attendre à d'autres jours de combats difficiles” dans la ville, estimant qu'il y avait environ de 2 000 à 3 000 insurgés. “Les insurgés se battent en très petits groupes et montrent peu de cohérence pour organiser la défense.” L'offensive, la plus importante jamais menée par les GI's depuis l'invasion de l'Irak en mars 2003, a été condamnée par des ulémas sunnites qui ont appelé les Irakiens à boycotter les élections générales prévues en janvier 2005. Le Parti islamique (sunnite) a annoncé son retrait du gouvernement. R. I.A