Il est faux de parler de black-out sur l'attaque américaine contre la ville irakienne de Falloujah, mais incontestablement, l'armée américaine qui est sur le point de contrôler cette agglomération, contrôle déjà le processus de communication. Ce qui est loin d'être négligeable. C'est éminemment stratégique, car un tel monopole implique sa maîtrise et son orientation. On a déjà constaté que toutes les informations sur cette ville, y compris sur le nombre et l'identité quoique approximative il est vrai, sont puisées ou données directement par l'état-major américain. Chaque déclaration faite en ce sens doit être prise avec énormément de précautions du point de vue chiffre qu'identité des résistants tous traités de terroristes alors qu'ils résistent contre l'occupation de leur pays. Un avis qui n'est certainement pas partagé par tous les Irakiens - aucun sondage ne le prouve - et sûrement pas par Iyad Allaoui, nommé Premier ministre par les Américains. La ville n'a pas résisté à la puissance de feu américaine comme le prouvent toutes ces images de destruction et bien davantage le chiffre de 1200 tués irakiens considérés tous comme des insurgés ou des terroristes, victimes de cette guerre asymétrique. Toujours est-il selon le constat fait hier, que de violents combats opposaient toujours l'armée américaine aux resistants de Falloujah neuf jours après le début de l'assaut, alors que dans un message qui lui est attribué, Abou Moussab Al Zarqaoui, décidément introuvable, a exhorté ses partisans à résister à une extension de l'offensive américaine. Les combats se poursuivent dans certains quartiers de Falloujah (50 km à l'ouest de Baghdad), les soldats américains et irakiens étant toujours engagés dans une opération de nettoyage systématique de la ville, maison par maison et bâtiment par bâtiment, a indiqué lundi un haut responsable militaire américain qui n'a pas dit laquelle des deux forces protège l'autre dans cette opération susceptible de tourner au corps-à-corps. « Bien peu (de rebelles) ont abandonné. Ils continuent de se battre jusqu'à la mort et ils rendent la vie difficile aux marines et aux soldats », a déclaré le colonel Michael Regner, chef d'opération de la force expéditionnaire des marines. Mais sans nul doute, il ne s'agit pas d'un hommage indirect rendu à ceux d'en face qui luttent, car de tels propos tentent à leur tour de justifier le recours à des moyens encore plus importants. Lancée le 8 novembre, l'offensive contre Falloujah a fait 39 morts et au moins 278 blessés dans les rangs américains, cinq morts dans ceux de l'armée irakienne et 1200 parmi la guérilla, selon l'armée américaine. Dénouement Selon ce colonel, l'armée détenait 1052 personnes à Falloujah, dont une quinzaine d'étrangers. Selon les rares informations rapportées de source indépendante, les habitants de Falloujah n'ont plus rien à manger. Egalement, apprend-on de même source, ce sont les Américains qui ont les rues dans leur ligne de mire. Les combattants blessés ne reçoivent plus aucun soin, faute de médicaments. Leurs camarades leur posent un morceau de tissu sur la plaie et les déposent dans des maisons vides. Les combattants comme les habitants dans le sud de la ville sont totalement épuisés. « Nous n'avons pas pu dormir depuis une semaine et nous sommes épuisés », témoigne l'envoyé d'une agence de presse occidentale. Il a précisé que les combattants se trouvant dans le nord-ouest étaient venus prêter main-forte à ceux du Sud. Il a indiqué que ses habits étaient tellement usés qu'un habitant a dû lui en donner d'autres de rechange. Interrogé sur le bilan de 1200 combattants tués annoncé par l'armée américaine, il a estimé que le nombre « était très exagéré ». « Il y a eu bien sûr des morts mais je ne pense pas autant car tout simplement il n'y a pas autant de combattants », a-t-il ajouté. Il a cependant indiqué qu'il y avait des corps de combattants dans les rues et qu'il était impossible de les retirer en raison des tireurs d'élite américains. M. Regner a également affirmé que l'armée américaine contrôlait désormais Ramadi, à 100 km à l'ouest de Baghdad, après le déploiement de deux bataillons de marines. Lundi, les affrontements se sont étendus à Baâqouba (60 km au nord-est de Baghdad), causant la mort de trois policiers et de sept résistants, selon la police. Les GI's ont affirmé avoir tué 20 combattants. Quatre soldats américains ont été légèrement blessés, alors que l'hôpital a fait état de 20 blessés côté irakien, dont trois policiers. Plusieurs autres villes, comme Mossoul, Ramadi, Samarra et Baïji, ont été le théâtre de violences depuis le début de l'assaut contre Falloujah. Par ailleurs, un soldat américain a été tué et un autre blessé dans une attaque qui a visé hier leur convoi au nord de Baghdad, a annoncé l'armée américaine. Même le secrétaire américain à la Défense n'ose plus fixer d'échéance tant la situation échappe à tout contrôle comme le prouvent la multiplication des points de résistance et surtout la mobilité qui rend la vie dure à une armée conventionnelle.