Avec la désignation de Condoleezza Rice, pas de changements dans la politique étrangère américaine. Condoleezza Rice remplace Colin Powell à la tête de la diplomatie américaine et son arrivée n'est pas réjouissante pour la plupart des partenaires étrangers des Etats-Unis, pour lesquels le choix de Bush est significatif de sa volonté à reconduire, voire à durcir ses positions dans la gestion des affaires du monde. Même la Russie de Poutine avoue son inquiétude avec C. Rice que l'ex-président américain Reagan avait extirpée du monde universitaire pour lui confier le dossier de la Russie dont elle maîtrise la langue. Tout le monde en convient : tout en étant très brillante, elle reste très proche des thèses défendues par le clan conservateur de la Maison-Blanche. D'ailleurs, elle fait partie du cercle des intimes de Bush qu'elle accompagne partout. Bush a profité de sa présentation comme successeur de Powell pour tracer ce qu'il attend d'elle en priorité. La lutte contre le terrorisme, le conflit israélo-arabe et la démocratisation du Grand Moyen-Orient sont les grandes priorités fixées par le président américain à C. Rice dont la nomination devra être confirmée par le Sénat. C. Rice prendra ses fonctions à un moment critique pour les Etats-Unis dont le monde attend des signes de changement face aux échecs induits par la politique unilatéraliste inaugurée par Bush durant son premier mandat. Apparemment, le président américain n'est pas prêt à concéder quoi que ce soit au motif que sa nation est en guerre. Pour lui, il s'agit donc de mettre en place de nouvelles structures et des institutions “pour affronter les régimes hors la loi”, pour “s'opposer à la prolifération d'armes et de matériaux dangereux” et pour “briser les réseaux terroristes”. Après des désaccords, souvent à peine dissimulés avec Colin Powell, notamment sur la décision d'entrer en guerre contre l'Irak en 2003, Bush a tenu à délimiter étroitement la marche à suivre pour son ex-conseillère à la sécurité nationale. Sur ses projets pour le monde arabe, le président républicain a rappelé que “les Etats-Unis ont répondu à l'appel de l'Histoire pour aider les forces de la réforme et de la liberté dans le Grand Moyen-Orient pour que cette région puisse se développer dans l'espoir plutôt que dans la colère”. Sur le Proche-Orient, il a affirmé suivre “une nouvelle voie” pour résoudre le conflit israélo-arabe, qui prend en compte les aspirations pacifiques des Palestiniens dans le cadre d'un Etat démocratique tout en assurant la sécurité de nos amis Israéliens. Bush ne retient plus 2005 pour la proclamation de l'Etat palestinien, il propose 2009 ! Exit donc la “feuille de route”. En envoyant “Condi”, 50 ans, au département d'Etat, Bush entend reprendre en main la diplomatie américaine, qui a toujours manifesté une certaine indépendance vis-à-vis de la Maison-Blanche. Mme Rice n'a jamais été diplomate de carrière même si elle étudie les relations internationales depuis l'université et n'appartient pas au cercle fermé de Foggy Bottom, le nom donné au siège du ministère des Affaires étrangères américain. C'est le père de la démocrate Madeleine Albright, la première femme à avoir dirigé la diplomatie américaine, qui avait persuadé Condoleezza Rice, lorsqu'il était professeur d'université, à préférer les relations internationales à une carrière de pianiste. Après avoir passé quatre années à la Maison-Blanche dans un bureau voisin de Bush, elle connaît en revanche parfaitement les priorités de celui-ci et les moyens de les réaliser. Sa loyauté envers Bush est indéfectible, après avoir été dans les coulisses du pouvoir à l'époque de Bush père, de 1989 à 1993. L'Irak, Israël-Palestine, l'Iran et le terrorisme restent la priorité des priorités à la Maison-Blanche avec toujours cette même précision que Bush réfute d'aborder comme un tout. Brent Scowcroft, un sherpa de Bush père et très écouté par C. Rice, vient de rappeler que la résolution de ces dossiers exige de les inscrire dans une vision dynamique et interdépendante. Selon lui, c'est ce à quoi devra s'employer la nouvelle secrétaire d'Etat. D. B.