Ahmed Ouyahia devrait être maintenu à son poste. Cinq à six ministres seraient remplacés. Le président de la République devrait procéder, dans le courant du mois de décembre, à un remaniement ministériel qui toucherait les ministères jugés incapables de suivre la marche de l'équipe gouvernementale. Le rythme imprimé par Ahmed Ouyahia, sous la férule du chef de l'Etat, paraît, selon des sources concordantes, ne pas convenir au profil de certains commis de l'Etat. L'action gouvernementale s'en trouve entravée, ce qui ne cadre pas avec les strictes consignes de M. Bouteflika et les urgences des engagements pris à l'échelle internationale. Dans les vingt prochains jours, les auditions individuelles des ministres entamées au siège de la présidence de la République seront toutes achevées. Elles ont été retardées par les deux récents déplacements de Bouteflika à Abou Dhabi puis au Caire après les décès successifs des présidents (des Emirats arabes unis) Zayed Ben sultan Al-Nahyane, le 2 novembre, et (de l'Autorité palestinienne) Yasser Arafat, le 11 novembre. Plusieurs ministres seraient ainsi à la traîne, environ une dizaine, mais le remaniement ne pourrait concerner que cinq ou six. Selon les mêmes sources, les portefeuilles se rapportant au domaine économique resteraient en place. Ahmed Ouyahia procéderait de la sorte à un réaménagement technique même si ses relations avec certains hommes de cette sphère, passant pour être proches du président de la République, comme Abdellatif Benachenhou, ministre des Finances, et Chakib Khelil, son collègue de l'Energie, demeurent purement protocolaires. Le patron du RND présente, pour sa part, les critères d'excellence recherchés par Bouteflika d'autant qu'il s'aligne studieusement sur ses positions, politiques et économiques, dictées du reste par son programme. Le pragmatisme et la stature imposante du chef de l'Exécutif sont particulièrement appréciés. De plus, son parti sert d'allié de circonstance le plus sérieux, le plus représentatif, vu la longue convalescence du FLN et son improbable guérison ; vu aussi le rétrécissement de l'influence des partis islamistes, notamment le MSP, déjà en perte de vitesse et carrément en errance depuis la disparition de Mahfoudh Nahnah. Il est donc attendu que le RND vote la loi de finances 2005 au Conseil de la nation dont il détient la majorité des sièges. Comme Bouteflika, Ouyahia cherche à sauver la cohésion gouvernementale. Le remaniement, prévu depuis quelques mois, est perçu comme une volonté d'accélérer l'action de l'Exécutif de manière à obtenir une harmonisation la plus large du calendrier et un renforcement le plus rigoureux de la coordination intraministères. L'harmonisation et la coordination apporteront davantage de stabilité à une équipe remaniée deux fois en dix-huit mois ; en septembre 2003 puis au mois d'octobre suivant suite au retrait des sept ministres du FLN fidèles à Ali Benflis, alors candidat déclaré à l'élection présidentielle d'avril 2004. L. B.