La compagnie nationale enregistre depuis son accord avec Bp dans les années 90 son plus grand succès partenarial qui va consolider sa position parmi les principaux fournisseurs de gaz du monde. Le projet est de taille planétaire. Après plus de deux ans de suspense, Sonatrach vient d'attribuer séance tenante au consortium espagnol Repsol/Gas Natural le contrat de réalisation du projet intégré de Gassi-Touil – Rhourde Nouss, le plus important de la compagnie nationale question coût puisqu'il nécessitera un investissement estimé entre 3 et 3,5 milliards de dollars US, à l'issue d'une ouverture publique des plis pour la phase commerciale, organisée hier. L'offre du groupement espagnol a été le moins disant en termes de part de production de gaz et de liquides lui revenant, par rapport à celles de Bp, du groupement Total/Shell et du consortium Eni/Anadarko, soumissionnaires au mégaprojet. Soit face à des candidats de plus grande taille, Bp, Shell et Total sont des majors. Le contrat global, rappelons-le, inclut le développement des champs de gaz à condensat de Gassi Touil et de Rhourde Nouss situés au Sud-Est, la réalisation d'un gazoduc acheminant les quantités extraites vers Arzew, la construction sur ce site côtier d'un train géant de liquéfaction de gaz d'une capacité de 4 millions de tonnes annuellement ainsi que la commercialisation conjointe des volumes à exporter, soit la totalité de la production de GNL. Il est prévu un niveau d'extraction de 6,5 milliards de mètres cubes de gaz annuellement et environ 40 000 barils/jour de liquides : Gpl et condensats. Le volume de gaz est plus important à In Salah, le second plus grand projet de partenariat de Sonatrach en termes de coût (2,5 milliards de dollars) en association avec Bp. Mais le projet de Gassi Touil, contrairement à celui d'In Salah en production, va débiter des liquides. Le premier mètre cube de gaz du pool Gassi-Touil est prévu en 2009. Il va contribuer de façon majeure avec ceux d'In Salah et d'In Amenas à l'objectif d'exportation de Sonatrach fixé à 85 milliards de mètres cubes/an à l'horizon 2010. Et maintenir Sonatrach parmi les premiers fournisseurs de gaz de l'Union européenne et du monde. Le P-DG de Sonatrach, M. Meziane, a qualifié que le projet est de taille mondiale par le volume de ses réserves et de l'investissement, à l'issue de la séance d'ouverture des plis. Il a annoncé que Sonatrach va mettre prochainement en appel d'offres un projet similaire de grande taille, celui des gisements de gaz de Tinhert situés dans le bassin d'Illizi et boucler le sixième appel d'offres en mars de l'an prochain. Elle a l'intention de transformer les quantités extraites dans un projet de partenariat à lancer prochainement selon le procédé Gas To Liquids GTL, que Shell a développé et généralisé. Ce qui constituera une première en Algérie, soit la possibilité de produire dans le pays des carburants liquides à partir du gaz, pour voitures et autres moyens de transport. Revenons à la séance d'ouverture des plis. À noter que Repsol est une compagnie très présente en Algérie. Elle a une participation de 30% dans le capital de Gas Natural. Outre une série de contrats d'exploration décrochés ces dernières années dans le Sud-Ouest et le bassin de Berkine, Repsol exploite en partenariat avec Sonatrach et Total le champ de gaz humide de TFT. Et le petit gisement de pétrole, en association avec la compagnie nationale de Tifernine, dans le bassin d'Illizi. Repsol est considérée comme l'une des plus importantes compagnies pétrolières en Europe. Quant à Gas Natural, il est le premier fournisseur de gaz en Espagne. Il compte parmi les premiers clients de gaz de Sonatrach dans le monde, avec des enlèvements contractuels de 10,5 milliards de mètres cubes/an. Ce projet va en fin de compte renforcer le croisement des intérêts entres Sonatrach et les compagnies espagnoles dans la perspective côté algérien de se mieux placer sur le marché gazier en expansion de l'Espagne, voire de l'Europe. N. R