Ces deux stations, stockées depuis deux ans dans le port, deviennent une menace pour l'activité des marins qui réclament leur évacuation. Les câbles, qui retenaient une de ces unités, ont lâché la semaine dernière, manquant de provoquer la destruction d'un partie de la flotille de pêche. Longtemps retenue, la colère des marins pêcheurs de Zemmouri s'est manifestée ce week-end. Lors de leur regroupement jeudi dernier, les responsables de l'association des pêcheurs ont lancé un appel pressant aux pouvoirs publics et au Chef du gouvernement attirant leur attention sur le danger représenté par les deux stations de dessalement d'eau de mer du groupe Khalifa. Ces stations, pour rappel, sont parquées dans l'enceinte portuaire depuis plus de deux ans. L'une de ces structures a failli créer une catastrophe sans précédent lorsqu'elle s'est détachée, la semaine dernière, des câbles qui la retenaient. La destruction du port et de sa flottille a été évitée de justesse grâce à la mobilisation des gardes-côtes et des marins pêcheurs. Sa remise en place est intervenue hier après-midi après que l'EPAL, gestionnaire du port de pêche, eut envoyé un remorqueur sur les lieux. Mais le danger subsiste toujours et les pêcheurs exigent leur évacuation définitive du port, “nous avons travaillé pendant deux jours et deux nuits sans relâche pour épargner le port d'une destruction certaine”, nous a affirmé M. Boudjemâa, président de l'association des pêcheurs de Zemmouri, entouré d'une dizaine d'armateurs tous inquiets des tournures prises par les évènements et les menaces qui pèsent sur la vie des marins à cause de ces épaves. “Elles ont consommé la moitié du bassin réservé aux mouvements des embarcations et la passe s'est considérablement rétrécie”, enchaîne Fodil, visiblement déçu par les lenteurs observées jusqu'ici pour permettre le déplacement de ces barges hors du port. “Faut-il attendre une catastrophe semblable à celle du naufrage du Béchar pour se lamenter ensuite, comme c'est souvent le cas”, s'interroge Mohamed, un vieux armateur triste et en colère à la fois. Pourtant, le président de l'APC de Zemmouri, Boualem Deramchi, a prévenu les autorités, dans une lettre datée du 11 septembre 2004, “des risques de catastrophe imminente générés par ces stations en cas de mauvais temps”. Les gardes-côtes ont également saisi le 23 octobre dernier les responsables concernés sur le même sujet. Selon nos informations, les tentatives opérées pour évacuer ces barges se heurtent à leur nature juridique puisque liée au scandale du groupe Khalifa. “Mais que faut-il faire lorsque des vies humaines sont menacées”, martèle un pêcheur. “Nous nous sentons plus en sécurité au large que dans cette enceinte portuaire”, lâche Mohamed qui a passé la moitié de sa vie en mer. Et il ajoute : “En cas de mauvais temps, nous serons coincés à l'entrée du port livrés à une mort certaine puisque cet abri est encombré par cette ferraille”. C'est aussi l'avis du responsable des gardes-côtes qui insiste sur la nécessité de déplacer au plus vite ces engins meurtriers. “Ses services agissent en collaboration avec la wilaya de Boumerdès pour permettre leur évacuation”, conclut-il. De leur côté, les membres de l'association des pêcheurs comptent sur le rapport établi par la délégation de la Chambre nationale dont les recommandations seront soumises, disent-ils, au ministre de la Pêche pour trouver une solution à cette situation et aux nombreux problèmes rencontrés par les pêcheurs. Ici à Zemmouri, le spectre du 15 janvier 1986 plane toujours. Ce jour-là, 7 marins pêcheurs ont perdu la vie, noyés alors qu'ils tentaient, contre vents et marées, de rejoindre le petit port. M. T.