Le défi qui attend l'Algérie actuellement est de réduire la dépendance de son économie vis-à-vis des hydrocarbures. L'objectif prioritaire est de diversifier et d'intensifier l'investissement dans les secteurs productifs, d'accroître la part de la production nationale sur le marché public, de valoriser les ressources naturelles disponibles sur le territoire et surtout de créer des postes d'emploi en rapport avec la demande d'insertion sociale et professionnelle des étudiants issus des milieux universitaires. Cela passe impérativement par la relance du secteur de l'industrie à travers le développement d'activités économiques hors hydrocarbures. Pour le président de l'Union nationale des entrepreneurs publics (Unep), Mustapha Merzoug, ce challenge peut être relevé par le secteur public qui regroupe quelque 832 entreprises économiques affiliées à 90% aux SGP, dont seules 317 activent dans des activités industrielles. Le chiffre d'affaires réalisé par ces entités est estimé par M. Merzoug à 824 milliards de dinars et celui de 10% d'entre elles dépasse les 2 milliards de dinars, avec une valeur ajoutée de 391 milliards de dinars. Plus de 300 000 personnes sont également employées dans ce secteur. "Le secteur public possède les potentialités nécessaires afin de jouer un rôle prépondérant dans la réussite de cette transition, pour peu que les conditions de gestion du potentiel productif national soient améliorées", explique-t-il. Le président de l'Unep avoue que tous ces aspects constituent les enjeux qui seront abordés lors de la conférence sur le développement économique et social qu'organise depuis hier le ministère de l'Industrie et des Mines. Lors de son passage sur les ondes de la radio Chaîne III, Mustapha Merzoug affirme que cette rencontre sera sanctionnée par l'élaboration d'"un plan d'action concerté des politiques publiques et une vision stratégique visant à impulser la croissance de l'économie". Reste à savoir quel serait le devenir des recommandations de cet énième séminaire quand on sait l'issue qu'ont connue les résolutions prises à la fin des travaux des différents colloques et autres réunions programmés auparavant par les ministères de tutelle. Dépénaliser l'acte de gestion, libérer l'acte d'investir, améliorer le climat des affaires... L'une des principales mesures qui devrait être prise de manière impérieuse aujourd'hui est de veiller à la mise en œuvre effective de toutes les décisions qui seront dégagées lors de cette rencontre. Car, l'on continue à s'interroger sur le sort réservé aux propositions de solutions qui ont émané des précédents conciliabules...? Les diverses suggestions ont été tout simplement rangées dans les tiroirs des bureaux des différents ministres qui se sont succédé à la tête du département de l'Industrie. Preuve en est : le public est devenu un secteur budgétivore dans lequel l'Etat a injecté la somme de 11 milliards de dollars en 5 ans pour son assainissement financier et sa restructuration avec des résultats peu probants. Il faut reconnaître, toutefois, qu'il (le secteur public) a été victime des différentes politiques économiques prônées par les dirigeants du pays. Les sociétés publiques ont été, durant longtemps, "l'instrument de politiques sociales caractérisées par des blocages de prix et des sureffectifs... autant de contraintes qui ont engendré des dépenses que l'Etat devait assainir à un moment ou un autre", explique M. Merzoug. "L'entreprise publique est considérée comme le prolongement de l'Etat et un instrument de réalisation des politiques publiques. Aujourd'hui, elle doit changer de statut pour devenir un véritable espace créateur de richesses et elle ne doit être sanctionnée que par son marché", indique-t-il. Interrogé sur le plan de restructuration du secteur public marchand piloté par le ministre de l'Industrie, le patron de l'Unep reconnaît le discours politique "fort mobilisateur" mais qui est également accompagné d'actions concrètes sur le terrain. "Nous allons ainsi parler d'assainissement, de plans de développement qui doivent normalement permettre à ces entreprises d'avoir de meilleurs résultats", affirme-t-il. Mustapha Merzoug évoque aussi le climat des affaires qui "est au centre des discussions et surtout cette volonté politique faisant du développement de l'entreprise une préoccupation essentielle de la politique publique économique". Cette conférence abordera donc, selon M. Merzoug, tous les enjeux liés à la libéralisation et la dépénalisation de l'acte de gestion, la débureaucratisation de l'administration, la liberté d'investir, l'accès au foncier, l'amélioration de l'environnement économique de l'entreprise... B K