Acculé par la communauté internationale, notamment l'Union africaine, qui lui a fixé un ultimatum de quinze jours pour transférer le pouvoir aux autorités civiles, sous peine de sanctions, le nouvel homme fort du Burkina, le lieutenant-colonel Isaac Zida, s'est engagé à faciliter la transition vers un pouvoir civil rapidement. Les consultations se poursuivaient hier au Burkina Faso, où trois présidents africains sont arrivés pour s'entretenir avec l'homme fort de la transition, le lieutenant-colonel Isaac Zida, qui s'est engagé à "remettre le pouvoir aux civils". Il semble qu'il ait cédé sous la pression internationale, comme le laissent penser les résultats de sa rencontre hier au palais du Mogho Naba, du chef très respecté des Mossi, la plus importante communauté burkinabée, en présence de l'archevêque Philippe Ouédraogo et de l'imam Sana, le chef de la communauté musulmane. "Ils sont venus nous dire qu'ils vont remettre le pouvoir aux civils. Nous les avons encouragés à aller dans ce sens. Le pays doit retrouver la quiétude et la paix", a déclaré le Mogho Naba, auquel le chef militaire a donc réitéré, plus clairement, sa promesse faite la veille d'une transition "dans un cadre constitutionnel", "dirigée par une personnalité consensuelle". D'après le président de la Confédération des syndicats-FO-Union des syndicats libres, Joseph Tiendrebeogo, qui l'a également rencontré, M. Zida a déclaré que "si tout le monde s'accorde, il n'y a pas de raison pour que d'ici à 15 jours la transition ne soit pas faite". Ce délai de deux semaines correspond à l'ultimatum de l'Union africaine, qui a brandi lundi la menace de sanctions. Dans cet ordre d'idées, les présidents ghanéen, nigérian et sénégalais sont arrivés hier à Ouagadougou pour des entretiens avec le lieutenant-colonel Isaac Zida, dans l'espoir de faciliter la transition vers un pouvoir civil sur laquelle il s'est engagé. L'avion de Macky Sall, le président sénégalais, a été le premier à se poser, vers 9h30 (locales et GMT). Son homologue nigérian, Goodluck Jonathan, a atterri vingt minutes plus tard. John Dramani Mahama, le chef de l'Etat ghanéen et président en exercice de la Cédéao (l'organisation régionale ouest-africaine), est arrivé le dernier, vers 10h15. C'est lui qui conduira la délégation au nom de la Cédéao qui comporte quinze membres, dont le Sénégal, le Ghana, le Nigeria et le Burkina Faso. Le lieutenant-colonel Zida a accueilli à l'aéroport ses visiteurs devant lesquels il s'est mis au garde-à-vous, avant de leur faire l'accolade. Les ambassadeurs de France, des Etats-Unis et de l'Union européenne, les trois plus importantes représentations au Burkina Faso, étaient également présents, ainsi que leurs homologues africains. Pour rappel, le lieutenant-colonel Zida a été désigné comme chef du régime intérimaire par l'armée après la chute du président Blaise Compaoré, renversé par la rue après 27 ans de règne parce qu'il souhaitait modifier pour une troisième fois la Constitution, afin de se maintenir au pouvoir. Mais outre la communauté internationale, une partie de la population refuse de voir un militaire confisquer sa révolution. Cela étant, le chef de l'opposition, Zéphirin Diabré, a semblé hier ne pas s'opposer à l'idée que des militaires participent au nouvel exécutif, dont la direction doit impérativement revenir à un civil. L'ex-parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès, a signalé sa "totale disposition à travailler avec les autorités de transition". M T./Agences