Les économistes estiment que le montant des importations équivaudra à celui des recettes pétrolières, notamment avec la facture des services qui risque d'atteindre 14 milliards de dollars d'ici à la fin de l'exercice actuel. Les recettes des hydrocarbures de l'exercice 2014 avoisineront les 60 milliards de dollars. Le chiffre a été avancé hier par le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi qui confirme la baisse des prix du baril de pétrole sur le marché international. Si l'on compare les revenus issus des exportations de pétrole de l'année en cours à ceux de l'an dernier, l'on constate un recul de plus de 3 milliards de dollars puisqu'en 2013, le montant s'était établi à 63,3 milliards de dollars. Or, les observateurs très au fait des politiques économiques du pays, estiment que le montant des importations égalera celui des recettes pétrolières notamment avec la facture des services qui risque d'atteindre 14 milliards de dollars d'ici à la fin de l'exercice actuel. À l'unanimité, les économistes parlent, d'ores et déjà, d'une balance commerciale déficitaire pour l'exercice 2014. Un tel constat est étayé par le lancement de grands projets en partenariat avec des firmes étrangères, caractérisés par la création de sociétés mixtes, synonymes de transfert de devises vers l'étranger. Le projet de l'usine Renault à Oran, la vingtaine de projets dans le bâtiment...représentent un exemple édifiant. L'Algérie, dans pareil cas, semble être victime de son ouverture vers l'extérieur. Néanmoins le jeu en vaut la chandelle, d'autant plus que notre pays va bénéficier d'un transfert de technologie et de formation, deux conditions exigées préalablement de ses partenaires pour chaque projet d'envergure. Cela étant, l'on attend la réaction du gouvernement face à une telle situation. Une chose est certaine, si la dégringolade des cours du baril persiste, il y a fort à parier que l'Exécutif recoure au Fonds de régulation des recettes ou aux réserves de change... On n'en est pas encore là, certes, mais une telle hypothèse n'est pas à écarter. Ce n'est pas l'avis de Youcef Yousfi qui soutient que la baisse des revenus pétroliers n'aura aucun impact sur l'équilibre budgétaire du pays ou les programmes du gouvernement. Yousfi : "Aucune incidence sur l'équilibre budgétaire et les programmes" Les raisons à l'origine de cette chute, a-t-il expliqué lors de son passage hier sur les ondes de la radio Chaîne I, sont liées à la production pétrolière aux USA qui dépasse la demande mondiale en la matière. En termes plus clairs, le ministre évoque un déséquilibre entre l'offre et la demande sur le marché mondial et d'autres paramètres géostratégiques. Il se veut rassurant : "Cette baisse des prix n'aura aucune conséquence sur l'exploration, les découvertes, la production, le développement de nouveaux gisements, les énergies renouvelables." Toutefois, cette nouvelle donne sur le marché, indique-t-il, sera examinée lors de la réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), prévue pour le 27 du mois en cours. Cet état de fait interpelle tous les acteurs, souligne le ministre, pour lancer une réflexion profonde sur la diversification de l'économie nationale et de la faire sortir du giron des exportations des hydrocarbures afin de garantir un avenir radieux pour le pays. Car, argue-t-il, le pétrole et le gaz sont des ressources naturelles tarissables et que leurs prix ne peuvent demeurer sempiternellement à la hausse. Par ailleurs, M. Yousfi indique que les découvertes ont avoisiné les 2,5 milliards de barils de pétrole durant les neuf premiers mois de l'année en cours. Ce qui va augmenter, relève-t-il, les réserves des hydrocarbures. L'Algérie a pris toutes les dispositions, rassure-t-il, pour augmenter la production pétrolière et gazière par l'exploration de nouveaux gisements et de nouvelles énergies non conventionnelles. Youcef Yousfi a précisé à ce propos, que notre pays révisera à la hausse sa capacité de production gazière de 40% au cours des 5 prochaines années. Pour cela, plusieurs projets d'exploration ont été lancés avec des partenaires étrangers. Il annonce dans ce cadre, que la Sonatrach se prépare à forer, en 2015, le premier puits de pétrole en mer (gisement en offshore). Sur un autre registre, le ministre affirme que la Sonatrach a programmé un concours dès le 15 novembre pour le recrutement de quelque 8 000 jeunes diplômés, à savoir 5 000 techniciens supérieurs et 3 000 ingénieurs spécialisés dans les hydrocarbures alors que des dizaines de milliers d'autres seront formés dans les hydrocarbures non conventionnels. B. K.