Résumé : Les nouveaux voisins n'étaient plus des étrangers pour Wassila et sa famille. La jeune femme rencontrait régulièrement Athmane dans l'immeuble, et Khadidja passait son temps chez Taos. En somme, chacun trouvait son compte dans cette relation qui s'affirmait de jour en jour. Quelques semaines passent. Un jour, alors que Wassila revenait de son travail, elle glisse sur une peau de banane et tombe de tout son long sur le trottoir faisant face à son immeuble. Quelques badauds accourent. Des voisins tentèrent de l'aider, mais Wassila ne put se remettre debout. A chaque tentative, une douleur fulgurante lui déchirait la jambe et la cuisse. -Vous avez sûrement une fracture... C'était Athmane qui s'adressait à elle. Elle avait reconnu sa voix, et relevé les yeux pour rencontrer son regard. -J'en suis certain, poursuit-il, mais comme il faut avant tout voir un médecin et faire des radios, je dois vous conduire à l'hôpital. Wassila qui transpirait abondamment, et reprenait difficilement son souffle sous l'impact de la douleur, se voyait contrainte de suivre son conseil : -Oui... Je... je crois qu'il faut qu'on me fasse des radios... J'ai trop mal... Athmane l'aide à se relever et l'entraîne tant bien que mal vers son véhicule : -Vous ne pensez pas que je devrais tout d'abord avertir ma mère ? Elle va nous accompagner... -Pourquoi l'effrayer ? Elle aura amplement le temps d'apprendre ce qui s'est passé à votre retour... Wassila allait riposter, mais la douleur se réveille encore et elle se laisse aller contre le siège avant du véhicule sans demander son reste. Une fois à l'hôpital, le médecin de service confirmera les suppositions de Athmane. Les radios révélèrent effectivement deux factures à la jambe et à la cuisse. On lui posera un plâtre, et le médecin lui prescrira des anti-inflammatoires, avec un repos total au lit durant trois semaines. Wassila est obligée de se faire reconduire chez elle par son voisin. Athmane passera un bras autour de sa taille pour l'aider à monter les escaliers. Le geste était trop familier. Mais elle n'avait pas le choix... Se mordant la langue, elle se laisse aller contre l'épaule de cet homme qu'elle ne connaissait pas encore assez bien, mais qui s'était avéré d'un grand secours ce soir. Elle appréhendait une éventuelle réaction de Khadidja... Sa voisine n'était pas encore au courant de l'incident. Il faisait nuit noire, et elle avait dû quitter son "poste de surveillance" pour préparer le dîner. Sinon, ce n'était pas uniquement ses parents qui seraient déjà au courant, mais tout le quartier. Certes, quelques voisines étaient aux fenêtres au moment de sa chute, mais ces dernières n'étaient pas aussi loquaces que cette mégère qui ne cherche qu'à faire l'intéressante. Ils étaient arrivés au palier, et Athmane appuie sur la sonnette. Taos ouvrit, et à la vue de sa fille et de sa jambe emplâtrée, elle porte une main à sa bouche en s'écriant : -Mon Dieu, Wassila, que t'arrive-t-il ? -Un petit accident sans importance, lance Athmane qui tenait toujours la jeune femme par la taille. Cette dernière se penche vers sa mère et tente de s'appuyer sur son épaule : -J'ai deux fractures, l'une à la jambe et l'autre à la cuisse... Je suis condamnée à rester au lit durant trois semaines. Taos reprend ses esprits, et ouvrit toute grande la porte : -Mon Dieu ! Pourquoi n'as-tu pas appelé ton père ou Salim, ton frère ? Athmane aide la jeune femme à se diriger vers sa chambre et lance : -Pourquoi déranger tout ce monde alors que j'étais sur les lieux. Je l'ai conduite à l'hôpital, et des médecins l'ont tout de suite prise en charge. Taos aide sa fille à s'allonger sur son lit et se retourne vers Athmane : -Que Dieu te bénisse mon fils... Je suis vraiment confuse... Tu as laissé tes propres affaires pour t'occuper de Wassila. -Ce n'est rien Hadja... Nous sommes voisins...Nous formons pratiquement une même famille... -Merci, merci mon fils... Puis elle se tourne vers sa fille et demande : -Comment cela t'est-il arrivé ? Wassila, qui reprenait ses esprits, répondit : -J'ai glissé sur une peau de banane juste en face de l'immeuble. Taos porte la main à sa poitrine : -Tu aurais pu te briser la nuque... Grâce à Dieu tu t'en tire avec ces fractures... Ce n'est certes pas commode pour toi de garder le lit, mais je pense que tu as évité le pire. Athmane intervient : -Je vais demander à Khadidja de passer de temps à autre pour la distraire. Et dans deux jours, je vais lui procurer une paire de béquilles pour qu'elle puisse au moins se déplacer dans l'appartement... (À suivre) Y. H.