Résumé : Khadidja aide Taos à préparer le repas et entame une conversation avec elle au sujet de Wassila. Taos lui avoue qu'elle espérait voir sa fille mariée avant de quitter ce monde. Pour l'aider, Khadidja lui proposera les services d'une voyante qu'elle connaissait et qui était réputée pour ses miracles. Taos se met à réfléchir. Après tout, elle ne perdait rien à tenter encore une fois l'aventure des voyantes... Elle en connaissait beaucoup, mais aucune d'elles ne l'avait convaincue. D'ailleurs, sa fille était toujours célibataire, et toutes les promesses et les garanties de ces sorcières n'avaient abouti qu'à la décevoir davantage. -Alors que décides-tu ? -Heu... Je veux bien te croire Khadidja, mais je suis un peu sceptique quant à l'avenir de Wassila... Je ne pense pas que cette voyante puisse y changer quelque chose. -Voyons Taos, qui ne tente rien n'a rien. Tu ne vas tout de même pas rester les bras croisés et regarder ta fille vieillir. Taos soupire encore. -Ce qui me désole le plus, c'est de ne pouvoir rien faire pour elle. -Allons... Tu vois bien qu'il y a des filles plus âgées qu'elle, qui ont fini par se caser et tomber sur des partis intéressants. Seulement, il ne faut pas attendre que le destin se manifeste... Au contraire, il faudra le provoquer et faire en sorte que la chance tourne enfin du bon côté. Taos garde le silence quelques secondes, avant de demander : -Tu veux bien m'accompagner Khadidja chez cette voyante ? Khadidja sourit : -Bien sûr... Je profiterais même de cette opportunité pour une éventuelle consultation... -Dans ce cas, prends rendez-vous et préviens-moi à l'avance... -Compte sur moi Taos... -Et pas un mot sur cette histoire à Wassila. -Je ne suis pas née de la dernière pluie. Je comprends amplement ton désarroi. Khadija prend congé, et Taos revint vers ses marmites. Deux immeubles plus loin, Wassila montait dans un véhicule qui démarre en trombe. -Tu as mis du temps Wassila... J'ai cru que tu avais oublié notre rendez-vous. Wassila sourit : -Tout sauf ça... En fait, au moment de quitter la maison, Khadidja m'a retenue. -Khadidja ? -Oui... Khadidja, ta femme... Athmane fronce les sourcils : -Qu'est-ce qu'elle voulait ? -Se coiffer et se maquiller pour vendredi. -Tiens... Pourquoi donc ? -Elle a une fête pardi... Les femmes au foyer aiment se donner bonne apparence de temps à autre pour certaines occasions... C'est le cas de Khadidja. -Et tu as accepté bien sûr -Pourquoi refuser ? J'ai toujours coiffé les voisines, et ta femme n'est pas en reste. -Et qui va te payer ? -Toi... Elle sourit : -Voyons Athmane, nous sommes ensemble depuis maintenant trois ans, et apparemment tu ne me connais pas encore assez pour comprendre que je ne vais pas faire payer mes services par une femme qui n'en a pas les moyens... Il hausse les épaules : -Elle aurait pu m'en parler... Je ne suis même pas au courant de cette fête dont elle t'a parlé... Elle m'en touchera un mot à la dernière minute pour me demander d'acheter un cadeau... Je suis la caisse ambulante, moi. Wassila se met à rire : -Tu m'offres bien des cadeaux... Pourquoi pas à Khadidja... Athmane s'adoucit : -Ce n'est pas la même chose. Toi, tu es cette lumière qui me permet d'avancer dans un tunnel sombre. Par contre, elle... Elle est tout sauf une femme aimante... Elle ne se rappelle de mon existence que lorsqu'elle a besoin d'argent. -Mais c'est ta femme légitime Athmane... -Malheureusement... Qu'ai-je pu faire dans ma vie pour mériter un tel sort ? -Oh ! On a beau se plaindre de son sort, on ne pourra rien y changer. Tu as épousé Khadjida, et vous avez deux enfants... Vous formez une famille. Toi tu travailles, elle, elle entretient la maison, te fait la cuisine, et les enfants vont à l'école... -Je ne me suis jamais senti tout à fait chez-moi avec cette femme. Nous n'avons jamais eu une journée de paix depuis la première année de notre mariage. Wassila hausse les épaules : -Tout le monde dit ça. Femmes ou hommes. À les entendre parler ainsi, on dirait que toute la société regrette ses engagements dans l'aventure conjugale. Athmane hoche la tête : -Oui... C'est un peu ça... Ce n'est qu'après la fête qu'on se gratte la tête... On découvre tôt ou tard les déboires d'une existence à deux... (À suivre) Y. H.