Le Burkina Faso a désigné un nouveau chef de l'Etat intérimaire, le diplomate Michel Kafando, qui dirigera la transition dans le pays, une année durant, jusqu'aux élections de novembre 2015. La nomination d'un chef de l'état civil met fin à une période d'incertitude pour l'avenir du pays, depuis la prise de pouvoir par les militaires, suite à la chute de Blaise Compaoré, chassé par la rue. Figure de la diplomatie burkinabè, M. Kafando est un ancien ambassadeur de la Haute-Volta (l'ancien nom du pays) puis du Burkina Faso auprès des Nations unies, respectivement en 1981-1982 et 1998-2011 et a également été ministre des Affaires étrangères dans plusieurs gouvernements, entre 1982 et 1983. Le nouveau président intérimaire, âgé de 72 ans, a été préféré, après une nuit de discussions à Ouagadougou, à l'ex-ministre Joséphine Ouédraogo et au journaliste Cherif Sy, les deux seuls autres candidats à avoir été auditionnés par le "collège de désignation", un organe de 23 membres dans lequel les civils étaient majoritaires. Dès sa prise de fonction hier, l'ancien diplomate Michel Kafando a qualifié de "redoutable responsabilité" la mission qui lui échoit à la tête du pays, et ce, avant d'énoncer les défis qui l'attendent, à savoir redonner confiance aux Burkinabés, après des journées terribles qu'ils ont vécues durant la chute de Compaoré, et mettre le cap sur l'avenir. Le président intérimaire devait en outre énoncer les points saillants de son programme qu'il résume sous le triptyque : bâtir ensemble une nouvelle société, une société réellement démocratique par la justice, la tolérance et l'union des cœurs. A cela s'ajoute le problème de corruption sur lequel est attendu le chef de la transition, sous l'impulsion de la rue qui a chassé du pouvoir le président Compaoré le 31 octobre dernier. "Un programme qui semble en phase avec les attentes de l'opposition burkinabè pour laquelle c'est exactement ce que les gens attendent, aller droit sur les problèmes de corruption et d'impunité. Il est extraordinairement en phase avec les attentes de la révolution", selon les dires de Zaphirin Diabré, le chef de file de l'opposition à Blaise Compaoré. Pour autant, Michel Kafando doit pouvoir user de la charte de la transition, qui doit servir de constitution intérimaire, et qui avait été officiellement signée par l'armée et les civils. Le Conseil constitutionnel, à nouveau en fonction depuis le rétablissement de la Constitution, doit valider rapidement la charte de transition. Cet organe a siégé dimanche dans la discrétion la plus totale. Autant de réalisations que l'Union africaine a saluées, hier, alors qu'elle avait lancé un ultimatum, le 3 novembre, au régime militaire, lui demandant de valider sous 15 jours ses institutions de transition et de choisir un président intérimaire. La France, ancienne puissance colonisatrice du pays, a également, par la voix du président François Hollande, félicité Michel Kafando, nouveau chef de l'Etat intérimaire du Burkina Faso, et salué l'adoption d'une charte de transition, a indiqué hier un communiqué de la présidence française. A. R.