Il est temps que les établissements privés, qui accueillent plus de 18 000 élèves dans la capitale seulement, soient dotés d'un statut digne de leur noble mission d'éducation des générations futures. Les écoles privées doivent-elles être vues comme des entreprises économiques à but exclusivement lucratif ou comme des établissements éducatifs devant contribuer à l'amélioration du système éducatif national dont le déclin est décrié par tout le monde ? Les écoles privées répondent-elles aux standards requis pour jouer pleinement leur rôle ? Disposent-elles de moyens nécessaires pour y parvenir ? Le cahier des charges établi, il y a 10 ans, par les autorités, répond-il aux exigences de l'heure ? Ce sont autant de questions auxquelles ont tenté de répondre des responsables du secteur, des propriétaires et des représentants d'école, des académiciens et bien d'autres acteurs concernés, à l'occasion d'une journée d'étude et d'information organisée, hier, au siège de la wilaya d'Alger, à l'initiative de la Commission de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la formation professionnelle de l'Assemblée populaire de wilaya (APW). L'avènement des écoles privées en Algérie remonte au milieu des années 1990. Le recul du niveau pédagogique dans les écoles publiques pousse de plus en plus les parents à inscrire leurs enfants dans ces écoles privées dont le nombre a atteint aujourd'hui 257 au niveau national. Selon les chiffres avancés, lors de la rencontre d'hier, par Bachir Bessa, chef de service scolarité à la Direction de l'éducation d'Alger-Ouest, 60% de ces écoles sont basées dans la capitale où la demande est en constante augmentation. La région d'Alger-Ouest compte 86 établissements. Elle est suivie des régions d'Alger-Centre avec 37 établissements et d'Alger-Est 33. En tout, 18 896 élèves sont scolarisés dans les écoles privées, tous palliers confondus (préscolaire, primaire, moyen et secondaire), seulement à Alger. "Cessez de nous traiter comme des commerçants" Ceux qui croient que les propriétaires des écoles seraient des "commerçants rentiers" ont-ils raison de le faire ? Pas du tout, selon les nombreux concernés intervenant hier, devant les représentants du peuple et, notamment, des responsables du ministère de l'Education. Bien au contraire, se révolte la vice-présidente de l'Association nationale des écoles privées agréées (Anepa), Rachida Benmansour, pour qui le cahier des charges imposé, il y a 10 ans, par la tutelle aux écoles privées s'avère aujourd'hui "obsolète". D'où sa revendication phare de réviser ce cahier des charges en prenant en compte toutes les propositions des premiers concernés, à savoir les propriétaires d'école qui, selon elle, souffrent aujourd'hui le martyre en faisant face à de multiples contraintes administratives, sans parler des lourdes charges qu'ils doivent assumer. "Le cahier des charges a été établi, il y a 10 ans, pour répondre à une situation d'urgence bien particulière. Aujourd'hui, la réalité des écoles privées a changé et ce cahier des charges n'est plus d'actualité", a-t-elle dit. Et d'ajouter que cette doléance a été portée au niveau de la tutelle, à l'occasion d'une audience accordée, en septembre dernier, à l'Anepa par la ministre de l'Education, Nouria Benghebrit. Mme Benmansour s'offusque, notamment, du fait que les propriétaires des écoles soient traités comme des commerçants. "Aujourd'hui, les registres du commerce qui nous sont livrés sont les mêmes que ceux réservés aux commerçants. Or, notre activité est totalement différente ; nous sommes avant tout des éducateurs. Donc, nous refusons d'être traités come des commerçants", a dénoncé la représentante des propriétaires des écoles privées. Les autres revendications traitent de la formation des personnels et de la conformité des structures. Ils réclament, également, l'allégement des procédures administratives, ainsi que l'accès au foncier. Des revendications qualifiées de "logiques" par le président de la commission de l'éducation, de l'enseignement supérieur et de la formation professionnelle de la wilaya d'Alger, Mohamed-Tahar Delmi, qui souhaite des mesures "incitatives" et plus d'accompagnement à ces écoles privées dont, souligne-t-il, la noble mission est d'éduquer nos enfants et, par ricochet, de contribuer à l'amélioration du système éducatif national. F A