Gagner du temps ! Les appels du pied à l'opposition afin qu'elle prenne part à l'élaboration de la future Constitution et apporter, ainsi, une caution politique au projet présidentiel sont restés sans écho. Non seulement elle a rejeté l'offre, mais elle veut aussi aller plus loin dans sa logique en refusant carrément d'inscrire son agenda dans celui du pouvoir. "Nous n'avons pas beaucoup de commentaires à faire sur ce projet", a indiqué Soufiane Djilali, chef de Jil Jadid. Même discours chez Abdelaziz Rahabi. "Ils veulent gagner du temps", selon lui, ajoutant que "le pouvoir a tellement menti qu'il est difficile de trouver quelqu'un pour le croire". M. Djilali a estimé que maintenant que la CNLTD et l'Icso ont compris que l'article 88 est inapplicable du fait que le président du Conseil constitutionnel n'est qu'un "fonctionnaire" à qui on donne des ordres, l'opposition veut "honorer la fonction présidentielle", d'où, a-t-il ajouté, son appel au président Bouteflika d'organiser une présidentielle anticipée. "Nous ne voulons pas que le Président s'expose dans cet état aux étrangers notamment. Il doit appeler à une présidentielle anticipée qu'une commission indépendante va gérer", a indiqué le chef de Jil Jadid. Le projet constitutionnel est "une danse à mille temps" qui ne vise qu'"à les maintenir au pouvoir". "Ce n'est pas tellement sérieux de leur part", a encore pursuivi M. Djilali. Pour M. Rahabi, la crise en Algérie est le résultat de celle de l'institution présidentielle. "La crise de l'institution présidentielle a eu des effets néfastes sur les autres institutions", a-t-il dit, précisant que l'absence du chef de l'Etat a transformé la crise de cette institution en celle de tout un Etat. "La solution n'est pas la révision de la Constitution", a-t-il dit. "La solution réside dans le consensus" pour "mettre sur pied une Constitution démocratique". "Dans notre cas, il faut changer le système Bouteflika par un système démocratique", a dit M. Rahabi. Il faut noter que des sources proches du cercle présidentiel ont informé que la future Constitution n'a pas encore tranché sur le poste de vice-président, ni sur la limitation des mandats, l'officialisation de tamazight... Il apparaît clairement que ces sujets importants sont laissés comme un attrape-nigaud pour tenter de convaincre l'opposition de participer à l'élaboration de la nouvelle Constitution. Jusqu'ici, seuls les partis du pouvoir tentent d'animer un débat autour de la question, l'opposition regarde ailleurs... M. M.