Par cette affirmation, qui sonne comme une réponse à la demande de l'opposition, le président de la République tranche pour le maintien de son agenda de réformes politiques tel qu'il l'avait conçu dès le début. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, s'exprime sur la révision de la Constitution, moins d'une semaine après que l'Instance de consultation et de suivi de l'opposition (Icso) a réclamé le décalage de la perspective après l'organisation d'une élection présidentielle anticipée, mais aussi après que l'opinion a pris acte des retards accumulés par le chantier. Dans un message adressé, hier, lundi, aux participants à la conférence scientifique africaine sur l'évolution du droit constitutionnel en Afrique, lu en son nom par Mohamed Ali Boughazi, conseiller à la présidence de la République, Bouteflika a affirmé que "l'Algérie va procéder à la révision de sa Constitution", soulignant qu'elle "s'y prépare sérieusement, en se basant sur les résultats des larges consultations organisées à cet effet en vue d'associer toutes les catégories sociales pour dégager un consensus autour des questions fondamentales et garantir l'efficacité des nouvelles dispositions constitutionnelles". Difficile de faire accroire à un consensus autour du projet constitutionnel lorsqu'on sait que les segments les plus prépondérants de l'opposition lui ont tourné le dos. Ahmed Ouyahia, chargé par Bouteflika de mener les consultations avec la classe politique et les représentations de la société civile, n'a pas vu défiler grand monde de l'opposition au Palais d'El-Mouradia. Le ratage est patent. Cependant, le président Bouteflika a besoin de rassurer quant à sa maîtrise du processus de la révision de la Constitution. Aussi, par son affirmation qui sonne comme une réponse à la demande de l'opposition, le président de la République tranche pour le maintien de son agenda de réformes politiques tel qu'il l'avait conçu dès le début. Et cela même s'il a dû manquer, encore une fois, d'être précis sur le calendrier. D'ailleurs, il s'est abstenu, une fois de plus, de situer la projection dans le temps, soutenant que le retard enregistré pour le parachèvement du processus des réformes annoncées en 2011, l'amendement constitutionnel, en somme, a procédé d'un choix délibéré. "(...) nous veillons particulièrement à ne pas verser dans l'imitation ni dans l'improvisation. Notre pays, qui a subi les affres du terrorisme, refuse de s'aventurer dans pareille entreprise, qui, souvent, engendre des drames et que notre société rejette d'emblée", a-t-il justifié, après avoir souligné qu'"il est clair que l'objectif visé est de faciliter le processus d'ouverture de la société algérienne, en œuvrant à la préservation de sa stabilité et en lui épargnant les perturbations que connaissent différents pays du monde en cette ère marquée par de profondes mutations". En guise d'habillage à ce qui s'apparente à un démenti à la supputation qui s'est emparée du dossier, le président Bouteflika s'est livré à un exercice difficile : celui de trouver des implications démocratiques aux triturations constitutionnelles opérées entre 1990 et 2008. Les amendements successifs, a-t-il noté, "traduisaient la volonté politique d'adapter la loi suprême du pays aux mutations de la société et de se doter de l'instrument juridique nécessaire", précisant que cette démarche visait "à répondre au mieux aux exigences dictées par des relations internationales en perpétuel développement". L'argument est mince. L'amendement constitutionnel de novembre 2008, qui a permis de faire sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels, ouvrant la voie à un troisième, puis à un quatrième mandat pour Bouteflika, est, d'aucuns le diront, aux antipodes des mutations politiques universelles. À plus forte raison lorsqu'on sait que ledit amendement raye d'un trait une avancée constitutionnelle réalisée du temps du président Zeroual, en pleine crise sécuritaire. S A I