Le 3 juillet 2014, un avion spécialement affrété par les autorités qataries pour l'équipe nationale de football s'apprête à décoller de l'aéroport vers le petit royaume du Golfe. Sur place, un vibrant hommage devait être rendu aux Verts, encore tout auréolés d'une participation mémorable au Mondial brésilien. Mais les autorités algériennes ne l'entendent pas de cette oreille et décident sur-le-champ de dépêcher le ministre des Sports, Mohamed Tahmi, afin d'annuler le voyage. Plus tard, Tahmi expliquera que "l'Algérie n'a reçu aucune invitation officielle de la part du Qatar. Cela s'est fait entre le prince qatari et le P-DG du groupe Ooredoo, Joseph Ged". Finalement, seulement six joueurs, à savoir Raïs M'Bolhi, Madjid Bouguerra, Saphir Taïder, Hassen Yebda, Faouzi Ghoulam et Yacine Brahimi, engagés par des contrats individuels avec Nedjma ont été autorisés à se déplacer au Qatar. Ils ont, du reste, participé à une émission de beIN Sports. En vérité, l'Algérie avait surtout suspecté le Qatar de vouloir entreprendre une opération de récupération médiatico-politique afin de soigner son image ternie dans le monde arabe. Dans la foulée, Nedjma, l'opérateur qatari, perd le parainage exclusif de l'équipe nationale d'Algérie et de la FAF au profit de Mobilis. La position de l'Algérie passe mal du côté du Qatar. La riposte ne tarde pas à venir. Le 6 septembre, malgré les assurances, l'ENTV n'a pas pu retransmettre la rencontre Ethiopie-Algérie de la premiere journée des éliminatoires de la Coupe d'Afrique des nations de football (CAN-2015) à Addis-Abeba. Prévu sur la chaîne terrestre, le match n'a pas été retransmis en raison, selon un communiqué de l'Entreprise publique de télévision, de "l'échec des négociations avec la société détentrice des droits, beIN Sports, qui a exigé une somme faramineuse pour la retransmission". À vrai dire, au-delà du prix exorbitant exigé par beIN Sports, il faut relever la volonté manifeste de cette dernière de ne pas céder ses droits pour des raisons évidentes liées à l'annulation du voyage des Verts au Qatar. Quelques mois plus tard, changement de position, le chef du gouvernement Abdelmalek Sellal se déplace himself au Qatar pour une opération de charme afin d'attirer les investisseurs locaux. La 5e session de la Grande commission mixte algéro-qatarie est même sanctionnée par la signature de 13 documents (accords, mémorandums d'entente et programmes exécutifs) dans plusieurs secteurs dont le sport, le tourisme, la jeunesse, l'éducation, l'enseignement supérieur et la pêche. Cerise sur le gâteau, le président du réseau qatari de chaînes de télévision sportives beIN Sports, Nasser Al-Khelaïfi, qui venait d'être reçu par Sellal, a annoncé qu'un accord sera trouvé avec la Télévision algérienne pour engager des négociations sur les différents événements sportifs dont son réseau détient les droits de diffusion. "Il y a des événements qui intéressent la Télévision algérienne et nous trouverons avec eux (les responsables de la Télévision, NDLR) un accord pour engager des négociations", souligne sur un ton sûr M. Al-Khelaïfi. "La porte des négociations reste ouverte et un accord sera trouvé", a-t-il precisé. L'accord portera sans doute sur la retransmission des rencontres de la prochaine CAN-2015 dont beIN Sports détient l'exclusivité des droits. Et quand on rappelle, comme révélé dans notre édition d'hier, que l'Algérie et le Qatar entraîné par l'Algérien Djamel Belmadi disputeront un match amical au mois de mars prochain à Doha, il va sans dire que le réchauffement entre les deux pays passe par le foot. S L