Plus de soixante auteurs algériens ayant choisi le français comme langue d'écriture sont répertoriés dans cet ouvrage réalisé sous la direction d'Amina Azza Bekkat. Des spécialistes ont rédigé les notices en mettant l'accent notamment sur "le style et l'écriture des auteurs". Depuis quelques années, l'écriture littéraire en Algérie est variée dans ses thèmes et par la manière d'écrire de ses auteurs. A côté d'auteurs connus et reconnus, il y a "une effervescence de nouveaux écrivains". "Notre projet veut donc mettre à la lumière ces nouveaux écrivains en quête de reconnaissance sans oublier les aînés qui sont déjà connus", souligne Amina Azza Bekkat, professeure de littératures francophones à l'université Saad-Dahleb de Blida, dans l'ouvrage réalisé sous sa direction, Dictionnaire des écrivains algériens de langue française 1990-2010. "Entre dictionnaire et encyclopédie", cette œuvre destinée aussi bien aux étudiants qu'au plus large public, parue aux éditions Chihab, comporte plus de soixante notices d'auteurs algériens, organisées par ordre alphabétique et rédigées par des enseignants et chercheurs (Afifa Bererhi, Christiane Chaulet-Achour, Hamid Nacer-Khodja, Bouba Tabti Mohammedi, Naget Khadda, Anne Roche, Lynda Nawel Tebbani...). "Dans la rédaction de ces notices, l'accent a été mis sur le style et l'écriture des auteurs. Les écrivains algériens se caractérisent par des façons de narrer et de composer qui constituent leur singularité. (...) Les résumés des œuvres guideront le lecteur dans l'approche de l'œuvre et seront pour lui une incitation à la découverte", note Mme Bekkat. Charles Bonn explique, dans son introduction, que "ce dictionnaire répond à une nécessité. Car depuis ce qu'il est convenu d'appeler ‘les années noires', la littérature algérienne n'est plus la même, et ne se développe plus du tout dans la même dynamique qu'avant". Selon lui, "cette période très difficile à laquelle elle a survécu marque une rupture bien compréhensible. Mais elle s'installe aussi dans un contexte global plus complexe : celui de ce que certains appellent la ‘postmodernité', et signe en tout cas la fin de ce dialogue privilégié avec l'espace littéraire de l'ancien colonisateur". Plus loin, M. Bonn fait remarquer que "la postmodernité est d'abord perte des dynamiques de groupes, comme repères identitaires collectifs spatialisés. L'espace d'origine ne confère plus son identité à l'écriture et ne rattache plus l'écrivain à un groupe". Si "la présentation didactique de ces nouvelles écritures" est aujourd'hui difficile, pour Charles Bonn, "la production de ce dictionnaire permet de commencer par l'inventaire nécessaire avant d'aller plus loin". Par ailleurs, dans cet ouvrage, on (re)découvre des œuvres d'écrivains algériens (disparus ou encore en vie) qui vivent et produisent en Algérie mais aussi des auteurs installés à l'étranger : on y retrouve de célèbres voix littéraires comme Mohammed Dib, Assia Djebar, Rachid Boudjedra, Boualem Sansal, Maïssa Bey, Yasmina Khadra ou Tahar Djaout ; et d'autres, plus discrètes, comme Sadek Aïssat, Malek Alloula, El-Mahdi Acherchour ou Abdelkader Djemaï ; et d'autres encore qui ont été quelque peu oubliées, à l'exemple de Hacène Zehar. Somme toute, ce dictionnaire permet de découvrir et d'approcher les œuvres littéraires et leurs auteurs ; des entrées multiples à l'écriture d'expression française s'étalant sur deux décennies. S. K. Dictionnaire des écrivains algériens de langue française 1990-2010, sous la direction d'Amina Azza Bekkat. Préface de Charles Bonn. Dictionnaire, 62 notices, 332 pages. Editions Chihab, Alger, 2014. 1200 DA.