Les mouvements de contestation continuent de traverser l'université algérienne. À Oran, Oum El-Bouaghi et Batna, la situation commence même à s'enliser. Ainsi, après cinq semaines de grève à la faculté d'architecture de l'université de l'Usto, près d'une centaine d'étudiants ont observé, hier matin, un sit-in de protestation estimant que les dernières déclarations d'apaisement du ministre de l'Enseignement supérieur n'apportent aucune garantie quant au règlement de leur situation. C'est devant le siège conjoint de la radio locale El-Bahia et de l'ENTV, que ces étudiants contestataires se sont retrouvés, tôt le matin, sous le regard et la présence vigilante d'officiers de police. Tous vêtus de noir et brandissant des banderoles noires, les étudiants en architecture dénoncent la situation ubuesque qui est la leur, à savoir des diplômes LMD, licence et mastère, non reconnus de toutes parts. À Batna, c'est une énième grève qui a eu lieu, hier, à l'université El-Hadj-Lakhdar, où l'entrée académique a été interdite aussi bien aux étudiants qu'aux enseignants. Ces derniers se disent d'ailleurs las de voir leurs départements fermés par des groupes d'étudiants souvent extra-universitaires qui accèdent à l'enceinte avec une facilité, parfois, déconcertante. Mais le mouvement d'hier fait suite aux événements qui se sont produits la semaine dernière où plusieurs étudiants ont été blessés dans une rixe au pôle universitaire de Fesdis. Une histoire de ration de nourriture a vite tourné au drame, quand des étudiants de la même ville, connus dans le milieu universitaire pour leur esprit belliqueux, ont agressé un ouvrier qui, à son tour, a fait appel à ses collègues de travail. Une enquête a été ouverte, mais pour le moment, hormis les appels au calme, aucun élément nouveau n'est à signaler. Mais beaucoup craignent que la situation ne dégénère dans les prochains jours, si aucune mesure "sérieuse" n'est prise. Par ailleurs, la ministre de l'Education nationale, Mme Nouria Benghebrit, n'a, semble-t-il, pas mesuré la portée de sa déclaration quant au recrutement des diplômés dans son secteur, lequel ne touchera, à l'avenir, que ceux de l'ENS (Ecole normale supérieure). Cette décision a, en effet, soulevé le courroux de centaines d'étudiants de l'université Larbi-Ben-M'hidi d'Oum El-Bouaghi, lesquels ont boycotté, hier, les cours de plusieurs filières dont celles d'anglais, de lettres arabes, de biologie, de mathématiques, des sciences et techniques, des sciences de la matière et d'économie. D. Loukil/B. NACER/R. HAMATOU