Même si l'ancien responsable du Fatah en cisjordanie, Marwan Barghouthi, n'a pas encore fait acte officiel de sa candidature pour les élections à la présidence palestinienne, le comité révolutionnaire du Fatah s'est précipité jeudi, à quelques heures de sa réunion, pour confirmer la candidature de Mahmoud Abbas, déjà désigné par le Comité central du Fatah. Différentes sources assuraient que Barghouthi est candidat, mais ses avocats n'ont pas confirmé cette annonce. Pour sa part, il a déclaré qu'il donnerait sa réponse définitive le 29 novembre, alors que son épouse, Fadwa, a multiplié ces dernières semaines les déclarations au sujet de sa candidature. Certains analystes pensent que cette annonce traduit le mécontentement des “Tanzim”, les jeunes du Fatah, dont Barghouthi a été le chef en Cisjordanie. Sa condamnation, en juin 2004, à cinq peines de prison à perpétuité par Israël n'a pas entamé sa popularité. Ces derniers jours, des pétitions circulaient dans les territoires en faveur de sa candidature. De plus, les sondages le donnent favori. Il y a lieu de noter que Marwan Barghouthi a souvent été considéré comme le successeur naturel de Arafat en raison de sa très forte popularité. Concernant son statut de prisonnier, le juriste israélien Moshé Negbi dira : “Qu'il soit président ou non, cela ne change rien à son statut de prisonnier, à moins qu'il ne bénéficie d'une grâce.” “Il pourrait certes recevoir davantage de visites, avoir un téléphone, mais tout dépendra du bon vouloir des autorités israéliennes, qui ne lui ont jamais reconnu le statut de prisonnier politique et, dans la pratique, il lui sera impossible d'exercer ses fonctions”, ajoute-t-il. Il relève toutefois qu'Israël ferait face à une situation sans précédent dans le monde, détenant dans ses prisons le président de l'Autorité palestinienne, un quasi-chef d'Etat. M. Barghouthi a, jusqu'à présent, seulement fait part de son intention de briguer le poste de président de l'Autorité palestinienne à l'élection prévue pour le 9 janvier afin de désigner un successeur à Yasser Arafat. Un haut responsable israélien, sous couvert de l'anonymat, a totalement écarté une libération du prisonnier avant le scrutin et certains ministres ont même exclu qu'il soit relâché s'il venait à être élu. “Israël est un Etat de droit. Il ne s'agit pas d'un prisonnier politique mais d'un homme condamné à perpétuité pour sa participation à cinq assassinats et il devra purger sa peine”, a-t-il déclaré hier. M. Barghouthi a, cependant, reçu hier la visite de Qadoura Farès, ministre palestinien. C'est la première fois depuis son arrestation, en avril 2003, qu'il recevait un visiteur autre que ses avocats. Il devrait recevoir prochainement la visite de députés arabes israéliens. Sa candidature, si elle venait à se confirmer, risque de faire éclater le Fatah, qui a éprouvé d'énormes difficultés à contrôler la situation depuis le décès de Yasser Arafat. N. A.