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L'équation Barghouti
La succession de Yasser Arafat
Publié dans El Watan le 27 - 11 - 2004

C'est sans surprise que le conseil révolutionnaire du Fatah a entériné, jeudi dernier, la proposition du comité central de ce mouvement de désigner Mahmoud Abbas, 69 ans, le nouveau président de CEOLP dont il était le secrétaire général jusqu'à la mort de Yasser Arafat, le 11 novembre, comme son candidat à l'élection du président de l'Autorité palestinienne prévue le 9 janvier 2005.
Mahmoud Abbas avait été désigné comme successeur du chef historique palestinien à la tête de l'OLP. Parce qu'il est perçu comme le continuateur dans la voie tracée par Arafat dont il était un proche compagnon, il était pressenti comme le candidat favori du Fatah pour lui succéder à la tête de l'Autorité palestinienne. Mahmoud Abbas s'est d'ailleurs engagé à suivre cette voie. Mais la scène politique palestinienne n'est pas demeurée figée ces derniers jours. Et l'on craint même des manœuvres sournoises d'Israël pour faire échouer le processus électoral en cours et semer le chaos dans les territoires palestiniens. A l'occasion de ces élections, il n'est pas par ailleurs exclu un duel entre générations comme celui qui pourrait opposer Mahmoud Abbas et Marwan Barghouti, le chef du Fatah pour la Cisjordanie et actuellement détenu par Israël. Marwan Barghouthi n'a pas formellement fait acte de candidature pour cette élection, a indiqué jeudi soir un haut responsable palestinien, Tayeb Abdelrahim. « Marwan Barghouthi, qui est habituellement très pointilleux sur les questions de procédure, n'a jusqu'à présent pas formellement fait acte de candidature pour l'élection à la présidence de l'Autorité palestinienne », a précisé M. Abdelrahim, secrétaire de la présidence de l'Autorité palestinienne. « Nous avons simplement été informés par son bureau de son intention de se présenter au scrutin », a-t-il ajouté. L'annonce de l'intention de M. Barghouthi de présenter sa candidature a été faite par des membres du Haut comité du Fatah, un groupement de cadres du mouvement dans les territoires occupés. M. Barghouthi, 45 ans, est le secrétaire général du haut comité du Fatah. « Un avocat qui a vu Marwan a convoyé un message de sa part, indiquant qu'il avait décidé de briguer le poste de président » de l'Autorité palestinienne, a déclaré l'un d'eux, Abdelrahmane Al Chomali. Dans ce contexte, le ministre palestinien sans portefeuille, Kadoura Farès, a annoncé, jeudi soir, qu'il allait visiter dans sa prison Marwan Barghouthi pour évoquer l'élection palestinienne. « Je vais visiter vendredi (hier) Barghouthi pour parler de l'élection présidentielle, car c'est un dirigeant nationaliste qui incarne la lutte pour notre cause », a affirmé M. Farès. « Il est important que nous l'entendions afin de renforcer notre unité, et nous respecterons sa position quelle qu'elle soit », a-t-il ajouté. Cette visite a été organisée en coordination avec les autorités israéliennes, a encore indiqué le communiqué. Très populaire, Barghouthi est considéré comme l'un des principaux organisateurs de l'Intifadha. Il a été condamné en juin à cinq peines de prison à vie par un tribunal israélien. Et jeudi, apprenait-on, le président israélien faisait savoir qu'il n'excluait pas de grâcier M. Barghouti, si une demande en ce sens lui était adressée. Pourquoi un tel intérêt pour cette élection si ce n'est déjà d'opposer entre eux des Palestiniens et de contester une décision déjà prise par le Fatah qui ne peut proposer deux candidats. Il faut mettre cette intention sur le compte de la politique israélienne qui privilégierait le chaos malgré des déclarations plutôt conciliantes. C'est ainsi que le Premier ministre israélien profitant de la visite, la semaine dernière, du secrétaire d'Etat américain avait fait savoir qu'il était d'accord pour une participation des Palestiniens d'El Qods-Est annexée à l'élection présidentielle palestinienne. En 1996, les Palestiniens de la ville sainte est avaient pris part aux premières élections générales palestiniennes. L'actuel Premier ministre palestinien, Ahmad Qoreï, fait partie des députés élus d'El Qods en 1996. Depuis la disparition du vieux leader, les Etats-Unis estiment qu'il y a une nouvelle opportunité pour relancer le processus de paix au Proche-Orient, notamment en réactivant la feuille de route, plan de paix élaboré par le Quartette, qui prévoit la création d'un Etat palestinien indépendant, prévu au départ pour 2005 et reporté à 2009 par le président américain George W. Bush. Mais pourquoi 2009 c'est-à-dire fixer arbitrairement des échéances puis les annuler ? Ce que l'on en sait, c'est qu'elle coïncide avec la fin du deuxième mandat de George Bush.

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