Iyad Allaoui, le chef du gouvernement provisoire irakien, est acculé par les partis politiques les plus influents d'Irak, dont le sien. Ces derniers exigent un report de six mois des élections générales, dont il a initialement fixé la tenue au 30 janvier 2005. Parmi les formations politiques souscrivant à l'appel au report, figurent également les deux partis kurdes, jusque-là fermement opposés à cette éventualité. Il faut dire que ce revirement des mouvements politiques de Massoud Barzani et Djallal Talabani constitue une surprise de taille, dans la mesure où il n'ont pas cessé de harceler la coalition quant à l'urgence de la tenue d'élections. C'est dire l'impasse dans laquelle se retrouve le premier ministre irakien. Il s'est fait prendre au piège, lui qui dégageait une certitude inébranlable quant à la tenue de ce rendez-vous électoral. Catégorique jusque-là quant au maintien du scrutin à la date fixée, Allaoui est aujourd'hui au pied du mur. Ira-t-il à contre-courant de la position de son propre parti politique. Il lui sera difficile de s'accrocher, surtout que même les Kurdes ont fini par se rallier aux positions de la majorité. Outre les appels au report, les observateurs enregistrent sur le terrain un immense déséquilibre dans l'engouement des Irakiens à prendre part aux élections. En effet, si les chiites s'inscrivent en nombre sur les listes électorales, il n'en est guère de même pour la communauté sunnite, dont la composante est sceptique quant aux résultats du vote. Devant cette situation pour le moins inattendue, les autorités irakiennes envisagent de proroger les délais d'inscription dans l'espoir de rétablir l'équilibre. En tout état de cause, rien ne plaide pour le maintien des élections pour le 30 janvier, particulièrement le côté sécuritaire. Sur ce plan-là, des sources militaires américaines affirment qu'il sera impossible de sécuriser tout le pays d'ici la date des élections. Chaque jour que Dieu fait apporte son lot quotidien d'attentats et d'attaques contre les positions de la coalition et de la police irakiennes avec un nombre indéterminé de morts et de blessés. Iyad Allaoui est confronté à un véritable dilemme. La dure réalité du terrain finira certainement par avoir raison de sa logique irréaliste. Cela étant, George Bush a clairement affiché vendredi soir son opposition à tout report des élections irakiennes. Du pain sur la planche pour les membres de la commission électorale irakienne, appelés à examiner l'éventualité du report. K. A.