Les maires, qui n'ont pas la prérogative de distribuer les logements sociaux, doivent cependant gérer la colère des citoyens exclus des listes d'attributaires. Les réunions de coordination entre le bureau de l'APW d'Alger et les maires ou leurs représentants sont organisées de manière régulière. Le président de l'Assemblée populaire de la wilaya d'Alger, M. Karim Bennour, encourage ces rencontres qui permettent, dit-il, de mieux cerner les problèmes des citoyens au niveau de la petite cellule de l'Etat et de pourvoir du coup les traiter et les défendre devant l'exécutif de la wilaya. L'opportunité de la dernière réunion consacrée à la préparation des conférences sur le développement local et l'éducation a été mise à profit par les participants pour soulever à nouveau la question des prérogatives des mandatés du peuple. En effet, ils ont débattu de leurs attributions relatives à la gestion de la première cellule de l'Etat qui s'amenuisent d'année en année, puisque les dossiers qui traitent des problèmes des citoyens sont gérés soit par le wali d'Alger soit le wali délégué ou par les directeurs des Epic : "La commune ne gère pratiquement plus rien aujourd'hui. Après le transfert de l'attribution de distribution de logements aux walis délégués, la réfection des routes, les cimetières, le ramassage des ordures, l'éclairage public, etc., sont désormais pris en charge par les Epic de la wilaya. Nous sommes devenus une boîte aux lettres. On se contente d'alerter les Epic des doléances des comités de quartier ou des citoyens et de gérer le service de l'état civil. En définitive, c'est au maire de faire face à la grogne des citoyens exclus des listes de logements confectionnées par une commission présidée par la wali délégué", dénonce un élu local. Le P/APW d'Alger a affirmé que la relation entretenue entre les élus locaux et les Epic de la wilaya d'Alger a toujours été ambiguë. Dans l'espoir de remédier à cette situation, M. Bennour plaide pour le renforcement des moyens humains et matériels des APC, pour instaurer un véritable management moderne qui répondra aux besoins de la population : "Il est temps de doter les APC de toutes les compétences nécessaires. L'administrateur est un responsable. Le maire n'est pas un auxiliaire, il est aussi responsable." Pour étayer ses propos, M. Bennour proposera alors "d'ouvrir des bureaux de la Such ou de la Duch, des Epic au niveau des APC et de les mettre sous l'autorité du P/APC, comme ça on aura réglé le problème de certaines prérogatives." Une moyenne de 100 logements pour chaque commune Par la même occasion, les participants ont critiqué la dernière circulaire du ministère des Finances portant sur la qualité des membres devant siéger dans les commissions d'ouverture des plis, d'évaluation des offres ou celles des marchés. Cette circulaire n'autorise pas, précisera le vice-président de l'APW, M. Rabhi Mohand, les maires ou leurs représentants à siéger dans les commissions d'ouverture des plis et d'évaluation des offres. L'édile est autorisé cependant à siéger dans la commission des marchés. Pour le P/APC de Reghaïa, M. Mahmoudi Abdesamed, "cette circulaire n'est qu'une simple formalité du moment que le maire ou son représentant siège dans la commission des marchés. C'est la commission souveraine. Le plus important pour nous, ce n'est pas cette circulaire. Il est temps de penser à la réhabilitation de la fonction du maire". L'autre dossier qui s'est taillé la part du lion dans les débats est la prérogative liée à la distribution de logements sociaux. Les participants ont insisté sur la restitution de cette attribution. "Les maires ont le droit d'exiger du Premier ministre Abdelmalek Sellal la promulgation d'un décret qui leur redonnera cette attribution, puisque c'est Ahmed Ouyahia, alors chef de gouvernement qui avait, en 2004, transféré cette attribution aux chefs de daïras et aux walis délégués", nous a indiqué M. Benzaïm Abdelwahab, vice- président de la commission de l'urbanisme et de l'habitat à l'APW. Cette revendication est remise sur le tapis après que la wilaya d'Alger ait dégagé un quota de 6 000 logements sociaux pour les 57 communes. Le vice-président de l'APW d'Alger, M. Mohand Rabhi, précisera, à ce titre, que sur les 24 000 logements prêts, figurent 6 000 unités affectées aux APC. "Que pourrait faire le maire avec un quota de 100 unités pour satisfaire plus de 10 000 demandeurs ? Il faut savoir que le P/APC n'est qu'un simple membre d'une commission. Il ne dispose que d'une seule voix. Et le pire, ce maire n'est pas autorisé à siéger dans la commission de recours. Alors que sur le terrain, ce n'est pas le wali délégué ou le chef de daïra qui est au-devant de la scène, c'est le P/APC qui devra faire face à la contestation des citoyens au lendemain de l'affichage des listes des bénéficiaires. Le maire subira toutes sortes de pression et de menaces de la part des exclus". Pour conclure, M. Sedrati, élu à l'APC de Dély IBrahim, a rappelé que "du temps du parti unique, les maires bénéficiaient de beaucoup de respect, et ils avaient toutes les prérogatives nécessaires pour l'accomplissement de leur mandat". Et d'ajouter : "Avec la dernière circulaire du ministère des Finances, l'administration a définitivement enterré les élus locaux". H. H.