Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Amar Saâdani, ne se laisse visiblement pas distraire par le boucan produit autour de lui par ses adversaires, redresseurs et autres contestataires de sa personne et de la ligne de conduite politique du parti. Abdelkrim Abada, ancien porte-parole du FLN et qui agit aujourd'hui en tant que coordinateur "du mouvement de redressement et d'authenticité", vient de le vérifier, à ses dépens, lui, qui, finalement, a été mal inspiré de prétendre à un échange épistolaire avec l'homme fort du FLN. Amar Saâdani continue de présenter une carapace blindée, un stoïcisme à toute épreuve, consacrant l'essentiel de son effort à ficeler le congrès prochain du parti, quitte à froisser l'égo d'un Abada dont la missive est restée près d'un mois sans réponse. Sans prêter l'oreille à l'écho éventuel que produirait le geste d'Abada qui, en désespoir de cause, a décidé d'éventer le contenu de sa lettre, Amar Saâdani s'attelle, apprend-on auprès de son entourage, à préparer sa rencontre, samedi, avec les cadres du FLN à la Maison de la culture de Tizi Ouzou. La réunion, précise notre source, participe du cycle de conclaves que le secrétaire général du FLN anime dans la perspective du prochain congrès du parti. Un congrès de haute importance, puisqu'il intervient à une période de soudure politique que l'opposition met à profit pour accentuer son effort à faire valoir l'option de la transition démocratique. Jusqu'ici, Amar Saâdani réussit plutôt bien dans son management organique et politique du rendez-vous. À la suite des mouhafedhs, dont il a augmenté le nombre et structuré la cohésion, il s'est attelé à la prouesse de désamorcer la "crise des parlementaires" qui menaçait d'ébranler le parti. À Tizi Ouzou, le secrétaire général du FLN s'entendra sûrement réclamer l'inscription de l'officialisation de la langue tamazight comme option à enfourcher par le parti, mais ce n'est pas cela qui va lui arracher des tics nerveux. Il s'en accommodera tant que cela aidera à réussir un congrès sans coup férir. D'ailleurs, c'est l'enjeu du congrès qui a dicté à Abada de tenter le rapprochement avec Saâdani qu'il ne voue plus aux gémonies, comme du temps où il lui contestait la légitimité en tant que secrétaire général du parti. Dans son courrier resté lettre morte, le chef de file des "redresseurs du FLN" sollicite de Saâdani une association dans la préparation du congrès, à travers notamment la mise en place "d'une commission nationale composée de militants sincères et dont l'intégrité est reconnue par tous" pour la préparation du 10e congrès. Une proposition de compromis, en fait, que Saâdani rejette, mesurant certainement les risques encourus à tendre une telle perche à des adversaires qui ont juré sa ruine politique. S. A. I.