La guerre des tranchées que se livrent les différentes factions du FLN a certainement déteint sur le fonctionnement laborieux, voire boiteux de l'Alliance présidentielle. Ayant hérité d'un front désuni après la fermeture de la parenthèse Ali Benflis, Abdelaziz Belkhadem, qui a enfilé les habits du “réunificateur”, aura tenté vainement de recoller des morceaux qui se détachent chaque jour un peu plus. Et pour cause, le conflit n'oppose plus seulement les partisans de Benflis à ceux de Belkhadem, comme cela avait été le cas au lendemain de la présidentielle d'avril. Aux redresseurs connus sont venus, en effet, se greffer d'autres redresseurs dits libres qui réclament la paternité sur le FLN et se disent fidèles à Bouteflika, seul point d'ancrage encore consensuel. Huit mois après l'élection présidentielle, force est de constater que le mouvement de redressement du FLN n'a fait que dresser les uns contres les autres. Quand Belkhadem a paraphé le contrat de mariage avec Ouyahia et Soltani, il ne pensait sans doute pas qu'il engageait son parti dans une entreprise hasardeuse. Les Barkat, Tou, Kara et autres ministres sur lesquels il s'est appuyé pour tirer sur Benflis ne sont plus à présent en odeur de sainteté. De même que Abada et ses partisans “légalistes” (re)gagnent plus que jamais leurs galons au sein de la direction du FLN pendant qu'un redresseur invétéré comme Si Affif, qui a servi de chair à canon contre Benflis, se retrouve hors circuit. Et dans cette grande marmelade typique au plus vieux parti, le président de l'APN, Amar Saïdani, vient d'être catapulté membre de la commission dite des cinq, créée récemment pour servir de contrepoids à l'autre commission nationale de préparation du congrès. Pour une confusion, c'est véritablement la totale ! Il est dès lors illusoire d'attendre, de ce parti fractionné, le respect de ses engagements politiques à l'égard de ses partenaires de l'Alliance, alors qu'il n'arrive pas à honorer ses engagements vis-à-vis de ses militants qui attendent désespérément la tenue du congrès. Autant dire que la participation de l'ex-parti unique au “pôle” est presque réductible à la personne de Belkhadem et quelques-unes de ses ouailles. Et cette dissonance s'est largement vérifiée à l'APN lors du débat sur la loi de finances où l'on a découvert que les députés de ce parti ne sont pas, loin s'en faut, sur la même longueur d'onde. On a ainsi vu les uns appuyer haut et fort la copie gouvernementale et d'autres tout aussi fortement tirer à boulets rouges sur certaines dispositions de ce texte inspiré du programme de leur candidat favori le 8 avril dernier ! Résultat : le FLN, qui est, théoriquement, le poids lourd de l'Alliance présidentielle à l'APN avec ses 199 députés, a failli créer une crise politique et institutionnelle quand ses élus ont “corrigé” contre toute attente la copie de Benachenhou. Ce fut là l'échec le plus retentissant de la tentative de redressement de ce parti, dont les députés ont eu des voix discordantes, mais surtout une preuve cinglante que des partis aux options doctrinales diamétralement opposées devaient fatalement diverger sur l'essentiel. Et quand le FLN ne parle pas d'une seule voix, il est logiquement difficile d'exécuter une symphonie à trois temps. Et à trois tons. H. M.