La grande muette fait à nouveau face à un lancinant dilemme. Le rapport de la commission d'enquête diligentée par le chef d'état-major de l'ANP, le général de corps d'armée Mohamed Lamari concernant les graves dérives enregistrées dans la maison FLN, aurait été remis, ces derniers jours, a-t-on appris de source fiable. Selon les premières indiscrétions au sujet de l'enquête menée par les militaires, de graves dérives seraient constatées chez les deux camps qui se disputent le contrôle du parti majoritaire. Cette guerre que se livrent les pro et les anti-Benflis a fini par créer une profonde crise politique qui déteint sur le fonctionnement normal des institutions de la République. Du coup, la grande muette se retrouve devant un dilemme. Faut-il ou non s'impliquer dans ce conflit qui met en péril le devenir des institutions et de la démocratie en Algérie. En effet, l'ANP qui a réitéré ces derniers temps et à travers son plus haut représentant, sa volonté de se retirer du jeu politique, pourra-t-elle tourner le dos à ses missions constitutionnelles? Celles de garantir la sécurité et la stabilité du pays. Selon des analystes, la crise politique dans laquelle l'Algérie s'enfonce doucement mais sûrement est sans précédent depuis 1999. Il y a réellement danger sur la coalition gouvernementale, ce mode de gestion politique laborieusement mis en place depuis quelques années. A moins que cela ne consacre définitivement la fin de mission à ce mode de gouvernance... Sur le terrain c'est le marasme total. Les réformes politiques, économiques et les privatisations sont en stand by. La crise de Kabylie perdure et les quelques avancées enregistrées sur le chemin du dialogue sont chaque jour remises en cause. Dans la maison FLN c'est la confusion totale. La commission de coordination nationale est divisée sur la politique à adopter par rapport à l'évolution du conflit. Ministres et députés du FLN sont tous convaincus de la nécessité de leur retrait des institutions et il n'y aurait que Benflis et Karim Younes pour les retenir. Autrement dit, la démarche visant à la dissolution de l'APN demeure imprécise. Par ailleurs, le clan anti-Benflis se serait rendu coupable de nombreuses dérives et sa démarche n'aurait pas assez de arguments pour redresser la barre au sein du FLN. Partant de là, le mouvement contestataire que drive Abdelaziz Belkhadem, parachuté à la tête du mouvement, ne pourrait ambitionner qu'à créer une coordination de soutien à la candidature de Bouteflika pour un second mandat présidentiel. A partir de ce qui précède, la grand muette aurait assez de griefs à l'encontre des deux hommes qui se disputent le leadership sur fond d'élections présidentielles. De ce fait, l'ANP, mue par son devoir patriotique devrait réfléchir à l'homme qui pourrait sauver la République d'un péril qui se fait de plus en plus sentir, estiment des sources bien informées. Le péril est semblable à celui vécu par le pays durant l'été 1998. Et le défi est de taille, à telle enseigne que les candidats potentiels pour l'élection présidentielle de 2004 ne seraient pas de nature à le relever. Le bruit court à Alger que seul le retour aux affaires d'un homme d'Etat réputé pour ses positions tranchées sur les questions stratégiques, serait à même de remettre de l'ordre dans la maison Algérie. Et surtout réconcilier les algériens avec eux-mêmes.