Le documentaire Examen d'Etat de Dieudo Hamadi, projeté avant-hier après-midi à la salle El Mouggar, dans le cadre de la compétition Documentaire du 5e Festival international du cinéma d'Alger dédié au film engagé (qui prendra fin demain), s'intéresse à un groupe de lycéens de Kisangani (République démocratique du Congo) et à leur parcours, des salles de classe à la période de révision, en passant par les jours de l'examen jusqu'aux résultats. Ces lycéens doivent passer l'Examen d'Etat, l'équivalent du baccalauréat français, une épreuve qui changera leur vie et leur permettra d'accéder à l'université ; une possibilité de s'en sortir dans la vie. Le documentariste garde de la distance par rapport à son sujet et restitue à son spectateur le parcours de ce groupe de lycéens. Il examine également, en filigrane, le système éducatif en République démocratique du Congo et les inégalités qui ont en résulté. L'Examen d'Etat que ces lycéens vont passer demande une préparation, mais en attendant le jour J, ils sont chassés tous les jours de leurs salles de cours pour n'avoir pas payé "la prime des enseignants". Toutefois, les lycéens ne renoncent pas, ils s'installent dans un "maquis" (maison commune qu'ils louent en cotisant), pour réviser et préparer l'examen. Le film de Dieudo Hamadi s'ouvre sur Joël, un lycéen qui se débrouille comme il peut pour subvenir à ses besoins et à passer l'Examen d'Etat. En plus de travailler pour (sur)vivre, il se rend chez un marabout pour un soutien moral et quelques "recommandations thérapeutiques" afin d'éloigner les mauvais esprits. On retrouvera Joël dans le "maquis" avec ses camarades, qui révisent et prient pour réussir. En recevant la visite du proviseur de leur lycée, qui leur rappelle la "prime des enseignants", pas encore réglée, les jeunes lui font part de leurs inquiétudes et surtout de leurs difficultés en classe : programme non terminé, grève des enseignants... Examen d'Etat de Dieudo Hamadi en plus de sa dimension sociale puisqu'il expose une réalité de jeunes qui se battent pour étudier, il y a une volonté de "s'emparer d'un sujet social et éminemment politique, qu'est la faillite du système éducatif et les inégalités qui en résultent". Et à aucun moment, le réalisateur n'intervient, il se contente d'observer et laisser ces véritables héros du quotidien s'exprimer. R. C.