Le P-DG de Naftec a indiqué hier à la presse, en marge de la cérémonie de signature avec la société belge Honeywell d'un contrat de 48 millions d'euros pour la modernisation de l'instrumentation de la raffinerie d'Arzew, que la tendance à la diéselisation du parc automobile risque de conduire l'Algérie à importer du gasoil en 2006. La croissance de la consommation du diesel carburant croit à un rythme de 9,5% par an, a t-il ajouté. D'une demande de 3,5 millions de tonnes par an de gasoil, on en est à 5,5 millions de tonnes annuellement. Les difficultés pour satisfaire la demande commenceront en 2006. Les raffineries ne pourront suivre ce rythme. “Le point de rupture entre l'offre et la demande est prévue en 2006-2007”, a indiqué le P-DG de Naftec. Echéance à partir de laquelle l'Algérie sera obligée d'importer du gasoil pour faire face à cette montée de la consommation du diesel, née de la préférence d'une grande partie des automobilistes pour l'acquisition de véhicules roulant au diesel. À moins de mettre en œuvre rapidement les solutions suivantes : favoriser l'utilisation (à travers la fiscalité) du Gpl carburant, l'essence sans plomb et dans une seconde étape réaliser de nouvelles raffineries. La loi de finances 2005 a reporté donc la solution à cette tendance à la diésélisation du parc automobile. À noter que le contrat entre dans le cadre du programme de modernisation des raffineries de Naftec, filiale à 100% de Sonatrach. Le patron de Naftec a indiqué que la réhabilitation des raffineries va démarrer en 2005 et s'achever fin 2008. Elle porte sur la modernisation de l'instrumentation de toutes les raffineries (Arzew, Skikda, Alger, Hassi Messaoud), le remplacement de tous les vieux équipements (l'outil de production date de 20-30 ans), l'amélioration des procédés de fabrication. La modernisation de toutes les raffineries que compte Naftec consiste également à adapter l'outil de raffinage en vue de la production de carburants aux normes européennes de plus en plus sévères en matière d'environnement. Il s'agit notamment de réaliser des installations de désulfurisation en vue de réduire la teneur en soufre, substance polluante, dans les essences et le gasoil. Il s'agit d'atteindre 10 PPM fin 2009, requise par l'Union européenne. En un mot, l'échéance correspond à la fin de cette mise à niveau, en vue de produire des carburants aux spécifications européennes, sans lesquelles Naftec ne pourra exporter essences et gasoil vers les marchés internationaux. Chakib Khelil : “Les prix du pétrole resteront élevés” Après avoir souligné que l'Algérie a pour objectif de raffiner à moyen terme 50% de sa production de brut, ce qui constitue un défi énorme (actuellement production de brut de 60 millions de tonnes/an pour une capacité de raffinage de 22 millions de tonnes annuellement), le ministre de l'Energie, M. Chakib Khelil, à l'issue de la cérémonie de signature du contrat Naftec-Honeywell, a analysé la situation du marché pétrolier, en réponse aux questions de la presse. Ce qu'il convient de retenir, c'est que les prix du pétrole resteront élevés en 2005. “Les prix du pétrole devraient décliner mais les cours du brut resteront au-dessus des 30 dollars en 2005”, a-t-il souligné. À l'appui, le ministre invoque différents facteurs fondamentaux qui poussent au maintien à la hausse des prix du pétrole. L'Opep n'a pas des capacités supplémentaires de production. Elle ne peut aller au-delà de l'effort actuel : une production de 30 millions de barils/jour de pétrole. La capacité de raffinage dans le monde ne suit pas la montée de la demande sur le brut. La demande forte sur les bruts légers comme celui produit en Algérie se poursuivra l'an prochain, pronostique-t-il. “Le différentiel entre les bruts légers et les bruts lourds est de 12 dollars par baril”, a ajouté le ministre. Ce dernier a avancé que la demande sera très forte le 1er trimestre, moins forte le second trimestre 2005. Les prix du pétrole vont alors diminuer, surtout si les tensions géopolitiques au Moyen-Orient vont s'apaiser. N. R.