À l'opposition qui lui reproche de s'impliquer dans le jeu politique, l'ANP réplique et invite à son tour ceux qui lui suggèrent de s'investir dans un processus de transition à ne pas chercher à l'y impliquer. L'institution militaire, à travers un commentaire inséré dans la revue El Djeich, souligne, en fait, et autrement dit, son attachement à l'ordre institutionnel tel qu'il est présentement configuré. Elle affirme également qu'elle n'entend guère aider à la promotion politique de ceux qui souhaitent être adoubé par l'armée. "(...) Malgré les tentatives de certaines de ces parties, qui sont le reflet d'ambitions personnelles nourries par des idées totalement étrangères à l'histoire, à la géographie et à la réalité de l'Algérie, des idées véhiculant des aspirations qui, avec le temps, se sont transformées en rêves illusoires qu'elles cherchent à concrétiser par procuration, l'ANP demeurera consciente des défis et des risques, attachée à l'accomplissement de ses missions dans le respect des lois et règlements." La remarque vaut plus pour un Mouloud Hamrouche qui se démène, y compris à travers un périple qui s'apparente à l'engagement d'une campagne électorale précoce, à "vendre" l'idée qu'il faille que ce soit l'armée qui manage la transition que l'opposition partisane qui agit en tant qu'entité soudée et solidaire dans le cadre de l'Instance de concertation et de suivi (ICS), et qui, elle, milite pour que l'institution militaire se retire de la scène et ne s'implique pas dans les luttes politiques. En effet, de l'ensemble des acteurs politiques, partis et personnalités, qui réagissent activement à la crise politique que traverse le pays, l'ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, est le seul à insister sur l'impératif d'une implication de la grande muette dans la validation d'une solution. Car, même s'ils regardent dans la même direction que lui, l'avocat Mokrane Aït Larbi, qui, dans une tribune politique publiée sur sa page facebook, a appelé l'armée à accompagner le changement démocratique et ensuite regagner les casernes, et d'autres ne sont pas animés, en arrière-fond, par des ambitions personnelles d'accéder à la haute charge de l'Etat. Dans le lot, il n'y a que Hamrouche qui joint l'acte à la parole, en investissant le terrain au travers d'un cycle de conférences programmées à travers le pays. L'homme fait preuve d'un dynamisme notable, depuis quelque temps, rompant brutalement avec sa réserve légendaire. Pour nombre d'observateurs, les sorties sur le terrain de Mouloud Hamrouche — il est attendu samedi à Sidi Bel-Abbès, après avoir été il y a peu à El-Oued — n'ont rien d'une philanthropie politique, d'une contribution désintéressée au débat autour de la sortie de crise. Pour eux, Hamrouche prétend à l'exercice de responsabilités et souhaite que l'armée l'aide à y parvenir. Aussi, travaille-t-il à se confectionner l'image de l'homme du consensus. C'est d'ailleurs pour cela, estiment-ils, qu'il s'est interdit de s'impliquer activement dans la CNLTD, préférant un cheminement politique en solo et un positionnement qui lui conférerait, le cas échéant, plus d'aisance dans d'éventuelles négociations. La voie qu'il a ainsi choisie ne semble pas être la meilleure. L'armée vient de lui signifier, à lui, mais aussi à d'autres, qu'elle n'entend pas se laisser prendre au jeu. En même temps qu'elle froisse Hamrouche, l'armée répond par ricochet à la CNLTD qui s'est élevée dernièrement contre l'intervention de Gaïd Salah dans le débat politique national. La réaction de la CNLTD était venue à la suite de propos attribués au chef d'état-major et rapportés par les médias sur la situation politique qui prévaut dans le pays. S. A. I.