Une fois de plus, la filière de la pomme de terre risque de connaître des tensions, notamment au cours des prochains mois, si la Société de gestion des participations "productions animales" (SGP-Proda), avec ses services tels que le Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac), ne se met pas en branle dans les plus brefs délais. Le rôle du Syrpalac est avant tout de préserver les revenus des agriculteurs et de maintenir une stabilité relative des prix à la consommation. Ce dispositif est articulé autour de la Société de gestion des participations "productions animales" (SGP-Proda). En l'absence des représentants de ce dispositif sur le terrain, la menace se fait de plus en plus pesante. C'est ce que nous confie Messaoud Boudehane, le président de l'Association des maraîchers de Bouira, qui nous avait livré en avant-première, au mois de juin dernier, ses craintes sur une augmentation du prix de la pomme de terre avant la fin de l'année. "Aujourd'hui, comme au mois de juin dernier, nous interpellons les plus hautes autorités du pays quant à une augmentation irraisonnable des prix de la pomme de terre. Actuellement, nous sommes en pleine arrière-saison, les ‘patatiers' sont à pied d'œuvre dans la région d'Aïn Bessem et leurs récoltes sont écoulées directement sur les marchés hebdomadaires. La SGP-Proda, qui devrait être sur le terrain, brille par son absence, et il y a réellement péril en la demeure si ce système de régulation ne vient pas pour acheter et stocker la marchandise. Je peux vous affirmer, une fois de plus avec certitude, que la pomme de terre sera introuvable sur les étals à partir du mois de mars. Ce qui entraînera immanquablement une répercussion sur son prix qui, cette fois-ci encore, risque de dépasser les 100 DA le kilo, si rien n'est entrepris dans les plus brefs délais." Pour M. Boudehane, encore une fois, les services du ministère de l'Agriculture sont vivement interpellés pour mettre le holà aux spéculateurs agissant dans cette filière, et pour cela, notre interlocuteur est catégorique : "Il suffit de mettre un terme à toute les subventions de l'Etat. Nous exigeons la création d'un office pour la pomme de terre comme a été créé l'Office pour les céréales, nous sommes des producteurs et nous ne pouvons pas nous occuper de la vente de notre récolte. Si l'Etat dispose d'une réelle volonté pour mettre un terme aux spéculateurs intervenant sur la filière des pommes de terre, il suffit qu'elle gèle toutes les subventions qui, d'ailleurs, ne nous parviennent pas. Ainsi, au bout de trois ou quatre saisons, seuls les vrais producteurs demeureront actifs dans cette filière.'' Sur un autre volet, notre interlocuteur déplore le fait qu'à partir du mois de janvier, période à laquelle devront être préparés les champs de pommes de terre, la TVA à hauteur de 17% sera appliquée sur les produits phytosanitaires et les engrais. Une taxe qui ne manquera pas de se répercuter sur le prix du tubercule lors de la prochaine saison : "Pour une superficie d'un hectare de pommes de terre, nous investissons près de 73 millions de centimes, avec l'application de la TVA de 17%, l'hectare avoisinera les 100 millions de centimes." M. Boudehane affirme qu'actuellement, les pommes de terre sont cédées sur les champs à des prix variant entre 28 et 33 DA le kilo, soit une vente à perte pour le moment car "en dessous de 35 DA le kilo, nous ne faisons aucun profit". C'est pour cela que les producteurs de pomme de terre de la wilaya de Bouira, via le président de l'Association des maraîchers de la wilaya, tirent d'ores et déjà la sonnette d'alarme sur ce qui est qualifié "d'une mort programmée de la filière pomme de terre". H. B.