Ali Benflis est formel : le gouvernement algérien ne dit pas la vérité sur l'ampleur de la crise qui touche le pays, notamment sur les répercussions de la chute des prix de l'or noir sur l'économie. "J'observe (...) avec nos concitoyennes et nos concitoyens que ceux qui sont en charge des affaires publiques ne partagent pas un même diagnostic de cette crise. Il y a, à ce sujet, une véritable cacophonie au sommet de l'Etat. Certains ont cru devoir tirer la sonnette d'alarme. D'autres nous rassurent que l'Algérie est totalement à l'abri de cette crise. Et d'autres encore reconnaissent que notre pays est affecté par cette crise mais qu'il dispose des moyens pour en amortir le choc. Le populisme règne encore en maître sur l'action du gouvernement. Et la vérité sur l'ampleur de cette crise reste soigneusement cachée au peuple algérien", écrit Ali Benflis dans un communiqué rendu public au lendemain de la tenue du Conseil des ministres consacré essentiellement à cette crise. Mais parce qu'un diagnostic sérieux n'a pas été fait, que les effets inévitables n'ont pas été identifiés et que les mesures annoncées pèchent par une certaine approximation, l'ex-candidat à la présidentielle suggère que les solutions préconisées se déclinent comme un cautère sur une jambe de bois. "J'observe, aussi, qu'en l'absence d'un diagnostic sincère et rigoureux, la prise en charge des effets de cette crise ne peut être que douteuse. À un diagnostic erroné ne peut correspondre qu'un remède tout aussi erroné. Comme toujours, la gouvernance imprévoyante, approximative et souvent improvisée conduit nos gouvernants à privilégier les solutions de facilité et à céder à leur confort." Selon lui, le régime ne se soucie que de sa survie et cherche à parer au plus pressé, en l'absence d'une vision et d'une démarche stratégique. "J'observe, en outre, que le régime politique en place n'a plus pour souci obsessionnel que sa seule quiétude. Ses intérêts de durée et de survie prévalent sur tout le reste. La paix sociale n'a plus de prix pour lui. Il est, et comme il l'a toujours été, prêt à lui sacrifier la santé et les équilibres de l'économie nationale. Ce régime politique en fin de parcours ne répond plus qu'aux exigences de son présent et n'a que peu d'intérêt pour l'avenir du pays tout entier", dit-il. "J'observe, enfin, que face à cette crise d'une extrême gravité, nos gouvernants se contentent de nous annoncer ce qu'ils ne feront pas mais jamais ce qu'ils sont résolus à faire. Là aussi, ils maintiennent une opacité totale sur leurs intentions alors même que la première de leurs responsabilités est d'informer notre peuple qui payera, ultimement, le prix de leur non-gouvernance", ajoute-t-il. Et Benflis ne se fait pas d'illusions sur les capacités de ce régime à surmonter la crise et à remettre le pays sur les rails. "De l'ensemble de ces considérations, je ne peux, malheureusement, tirer que deux conclusions : ce n'est pas avec un pouvoir vacant et des institutions en panne que l'on peut raisonnablement compter pour faire face à cette crise. Et ce ne sont certainement pas des institutions dépourvues de légitimité, de représentativité et de crédibilité qui mettront réellement notre pays en position de relever les défis nombreux et sérieux que l'ampleur de cette crise lui impose", conclut le texte. K. K.