Finalement, l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) a changé la date de prestation de serment du président élu Béji Caïd Essebsi, évitant du coup une vacance de pouvoir préjudiciable au pays. Le président Caïd Essebsi prêtera serment mercredi et non vendredi comme il avait été décidé auparavant. Cette cérémonie aura lieu 24 heures seulement après celle prévue pour la passation des pouvoirs décidée pour mardi par le président sortant Mohamed Moncef Marzouki. Avant d'accéder au palais de Carthage, Béji Caïd Essebsi devrait démissionner du parti Nidaa Tounes dont il est le fondateur et le président depuis mai 2012 pour devenir, selon ses dires, le président de tous les Tunisiens. En relation avec l'entrée du nouveau président au palais, Sihem Ben Sédrine, présidente de l'instance Vérité et Dignité, a voulu précéder l'événement pour récupérer les archives de Carthage. Son intention était d'empêcher Béji Caïd Essebsi de mettre la main sur des archives considérées, à juste titre, comme archives de l'Etat. Finalement, elle en a été empêchée par les services de sécurité du palais. L'affaire fait encore couler beaucoup d'encre et de salive chez les politiciens, selon qu'ils soient pour ou contre le nouveau président. Autre question préoccupante : celle de la désignation du futur chef du gouvernement. Cette affaire qui est débattue au sein du parti vainqueur des législatives (Nidaa Tounes) a mis à nu les dissensions qui ont toujours divisé ses composantes. A ceux qui entendent confier la tâche à une personnalité étrangère à ce parti s'opposent les opportunistes qui n'admettent pas que Nidaa Tounes fasse des concessions au profit de ses adversaires. Au bout des réunions du comité exécutif, qui ont duré deux jours, aucun résultat n'a été obtenu et le consensus se fait encore attendre. Encore moins en ce qui concerne le nouveau président du parti, poste qui pourrait être confié au vice-président Mohamed Ennaceur (président de l'APR) ou à Lazhar Chebbi, ancien ministre de la justice en 2011. Une autre affaire défraie aussi la chronique. Elle oppose un député issu de Nidaa Tounes, Khémaies Ksila, à la presse. En effet, le syndicat des journalistes tunisiens a élevé la voix, vendredi, pour rappeler à l'ordre le député qui s'était permis d'agresser physiquement le directeur général de la Télévision nationale et verbalement des journalistes de la même chaîne. Le député Khémaies Ksila, non content de la tournure prise par un débat télévisé auquel il était invité, a pris de court tant le présentateur que les autres participants. En quittant le plateau, il a agressé tous ceux qui étaient sur son chemin de sortie. Ce à quoi le syndicat des journalistes a répondu, dans un communiqué, appelant les cadres de Nidaa Tounes à plus de retenue dans leurs contacts avec les journalistes. Le même communiqué souligne les appréhensions des gens de la presse quant au possible retour de la dictature d'un parti politique qui compte un grand nombre de militants du RCD dissous de Ben Ali. Le syndicat des journalistes réaffirme sa détermination à s'opposer à toute manœuvre destinée à domestiquer la presse et à violer le principe de la libre expression consacré par la Constitution. Autant de questions qui enveniment le climat politique avant l'entrée en fonction de Béji Caïd Essebsi qui a donc du pain sur la planche. M. K.