Résumé : Ihssane est décidée à aller de l'avant. Quelques semaines après, elle et Ryan se marient en présence de leurs familles et de leurs amis. Ils louent un appartement non loin de chez ses grands-parents afin d'avoir un œil sur eux. Krimo propose à ses parents de venir chez lui mais ils refusent. Il finit par emménager dans la demeure familiale. Un soir, Ihssane donne un dîner à la famille. A la demande de Ryan, hadja Halima a apporté l'album familial. Curieuse, Ihssane s'en va jeter un coup d'œil... - Oh ! mon Dieu ! s'écrie-t-elle. Il y a même des photos datant des années quarante ! Hadj Abderrahmane adolescent, en compagnie de ses frères ou cousins. Plusieurs photos de vieux, son père peut-être, et d'oncles. Il y a des clichés d'un mariage. Une photo d'une mariée, en burnous, sur un beau cheval blanc. Les rênes sont tenues par un homme en burnous et sarouel. Il porte un fusil à l'épaule. Le cortège suit à pied. Des femmes chantent. L'une d'elles tape dans un bendir. - Ihssane ! Où es-tu ? La jeune femme se tourne en entendant frapper à la porte. Elle referme l'album et va ouvrir la porte. - Mais ce n'est pas convenable d'abandonner tes invités ! dit Zina. Je cherchais plus d'assiettes plates ! Celles que j'ai prises ne suffiront pas ! - Dans le meuble, à gauche, en bas, précise-t-elle de mauvais cœur, agacée d'avoir été interrompue dans le visionnage des photos. Tu penses pouvoir te débrouiller ? - Oui, file couper le gâteau apporté par Lynda ! Il a l'air bon ! Mais sa belle-mère Nassima est déjà en train de couper et de servir les plus âgés. Hadj Ahmed et Abderrahmane apprécient le geste. Ihssane a pris place près de sa grand-mère qui ne peut s'empêcher de remarquer. - Tu me sembles bien soucieuse ! Ne me dis pas que Ryan te fait des misères et qu'il ne prend pas soin de toi ! - Non, je suis un peu fatiguée de courir d'une administration à une autre, réplique-t-elle. Depuis qu'on s'est mis en tête de lancer la boîte de communication ensemble, c'est l'enfer. Il manque toujours un papier, parfois le responsable qu'on a besoin de voir est absent ! Et j'en passe... - Il suffit que tu demandes de l'aide au vieux, dit hadja Halima avant de s'adresser à lui. Tu entends El-Hadj, les enfants ont des soucis avec certaines administrations ! - Si cela peut attendre demain matin... - Oui, il n'y a rien d'urgent, le rassure Ryan. Mais ça nous soulagerait de ne pas partir pour rien à certains rendez-vous. - Rappelez-le moi demain matin ! - Merci ! dit Ihssane. Mais ce qui ne peut pas attendre, c'est le visionnage des photos de famille ! Je suis impatiente de vous voir avec quelques années de moins ! - Des décennies en moins, rectifie hadj Abderrahmane en riant doucement. - Je vais le chercher, dit Ryan en se levant. Ihssane va s'asseoir près de son grand-père, tenant à être proche de l'album pour ne rien rater. Ryan revient vite avec et le pose sur un tabouret, devant son grand-père. Une partie de la famille s'est approchée pour regarder avec eux. Le vieil homme a mis ses lunettes et leur raconte l'histoire de chaque photo. Ihssane ne rate aucun détail. Les pages tournent, mais trop lentement à son goût. On voit au fil des pages la famille s'agrandir, changer de mode de vie, puis de ville. Hadj Ahmed a croisé le regard d'Ihssane quand il leur montre la vieille maison où, dans le fond du jardin, les enfants avaient été pris en photo à leur insu. Ils jouaient au volley. Il y a tant de bonheur dans leurs visages qu'Ihssane sourit. Elle se rappelle l'état de la maison et du jardin lors de son passage avec son grand-père. - Pourquoi avoir abandonné une aussi belle maison ? - J'étais ambitieux et j'avais beaucoup de projets, confie hadj Abderrahmane, l'air nostalgique. Je voyais grand pour nos enfants ! Je voulais le meilleur pour eux ! Pour leur bien, j'ai fait le bien mais, aussi, j'ai pêché ! Mais qu'est-ce que je n'aurais pas fait pour eux... ! - On se trompe souvent, affirme hadj Ahmed alors qu'il leur montrait d'autres photos. On pense faire le bien alors qu'on provoque leur perte ! Ils peuvent les voir à la plage, aux portes des universités, à des fêtes. Lorsqu'il fait la pause devant les photos de ses fils en voitures, Ihssane s'accroche au bras de son grand-père. Le souffle court, elle demande. - C'est quoi comme voitures ? Je ne connais pas la marque ! - J'avais trois voitures ! Le poste que j'occupais me permettait d'avoir chauffeur et domestiques à la maison, leur raconte-t-il. J'avais même des gardiens... (À suivre) A. K.