Même un peu tard, je vous souhaite : une bonne nouvelle année 2015. Elle n'en sera que ce que nous en ferons d'elle, ce que vous en ferez d'elle ! À mon avis, tout ce que les intellectuels de ce pays ont pu réaliser durant cette année 2014, en 365 jours, en 365 nuits, c'est la création de ce Club d'intellectuels appelé "Carrefour des lumières" (Moultaqa al Anouar) initié et dirigé par le chercheur Saïd Djabelkhir. Un cercle des lumières dans un espace d'obscurité intellectuelle. Quand, dans un pays musulman, dans un pays africain, un club des lumières voit le jour, ceci dit que nous sommes en bonne santé intellectuelle. Et le Voltaire algérien est né ! Dans ce Maghreb intellectuellement affaibli par la politisation de la religion, par l'instrumentalisation de la religion, on a besoin d'un Voltaire, d'un Rousseau, d'un Ibn Ruchd, d'un El Maâri... on a besoin d'une tête pensante et courageuse capable de libérer et de bousculer notre société intellectuelle devenue trop bavarde, trop hivernale, trop hypocrite. Dans cette société culturelle, la gent intellectuelle se trouve prise en otage par un discours politique ou religieux trop simpliste, trop naïf, trop saisonnier et très dangereux. Beaucoup de politicards et peu de réflexions. Beaucoup de bavardages et peu de d'idées ou presque rien. Beaucoup de chefs politiques et peu de penseurs ou presque rien. Beaucoup de paraboles et peu de livres ou presque rien. La société moderne ne pourra jamais avancer vers la modernité, ne pourra jamais affronter son destin, ne pourra adhérer à son époque civilisationnelle en s'adossant à un mur fragile d'une religion politisée, en avançant sur des béquilles délicates du politique hégémonique. En l'absence des intellectuels critiques, ceux qui osent dire, qui osent proposer, qui osent critiquer, qui osent bousculer la fausse quiétude, la société ne fait que retarder la sédition à un autre jour. Enfin, Alger a son "Club des lumières" (Moultaqa al Anouar), des vraies Lumières d'idées et des débats respectés. Enfin le groupe de Ikhwane Assafa débarque à Alger. Un cercle algérois, de la raison et de l'espoir, contre la peur intellectuelle, est né. Ce qui nous manque, à cette vie intellectuelle, depuis l'Indépendance, c'est le courage de penser. La liberté de penser. L'audace de dire le non-dit. Dès qu'un pays voit la naissance de son Voltaire, ceci dit que la lumière est au rendez-vous. On ferme une prison. On ouvre les portes du bonheur et de questions. Le Club des lumières (Moultaqa al Anouar) est né, au moment voulu, attendu et indispensable, parce que l'islam a besoin d'une nouvelle révolution. L'islam attend de nous de l'ijtihad. Par cet islam de la violence et du sang dont l'image est ancrée dans l'imaginaire de toute une génération universelle, nous avons offert à nos ennemis une arme de plus contre nous ! Depuis quinze siècles, l'islam n'a jamais connu une période de décadence à l'image de celle qu'il traverse ces jours-ci. Des jours du salafisme. Des jours de Dae3che. Des jours d'Annouçra. Des jours des Frères musulmans. Des jours de Boko Haram... Le Club des lumières (Moultaqa al Anouar) est né pour faire face, pour débattre ces maladies politiques de l'islam. Libérer l'islam. Libérer la pensée chez l'intellectuel dans les pays musulmans. Pour faire face à cet islam pollué par les commerçants de la religion, il faut assécher ses sources culturelles. Les bases fondamentales de cet islam extrémiste se trouvent dans ce patrimoine confus qu'il faut nettoyer. Le trier. Le désinfecter. Avec ce Club des lumières, le Voltaire algérien est né. Le débat d'idées, loin de toutes couleurs politiques, est lancé. Un grand merci à Saïd Djabelkhir et à tous les adhérents de ce Club de lumières (Moultaqa al Anouar) pour cette belle création de l'année 2014. A. Z.