Le mouvement antigaz de schiste gagne en intensité et s'étend aux établissements scolaires de la commune de Tamanrasset. Une importante cohorte de collégiens et de lycéens s'est jointe, hier, aux étudiants qui ont investi, pour la 3e fois consécutive, la rue avec pour mot d'ordre : non au gaz de schiste. Près de 1 000 personnes ont pris part à cette marche qui s'est ébranlée de la place d'Ilamen, au centre-ville, jusqu'au centre universitaire El-Hadj-Moussa-Ag-Akhamok, en passant par les principaux axes routiers de la ville de l'Ahaggar. Les marcheurs ont, sous l'œil vigilant des policiers, parcouru plus de 10 km en signe de soutien et de solidarité avec les habitants d'In-Salah qui entament, faut-il le noter, leur deuxième semaine de protestation. Ils ont scandé des slogans hostiles au pouvoir qui ne veut vraisemblablement pas se raviser et/ou renoncer à l'exploitation du gaz de schiste dans le Sud. Les contestataires ont arboré des pancartes, des affiches et des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : "Non au génocide collectif", "Hier nous étions un champ d'expérience des essais nucléaires à In-Eker, aujourd'hui nous refusons d'être un champ d'expérimentation du gaz de schiste", "Nous sommes tous jaloux de notre pays", etc. Affublant le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, de sobriquets ridicules, les marcheurs se sont également indignés contre "les propos irresponsables prononcés" par le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, lors de sa rencontre avec les notables et les représentants de la société civile d'In-Salah, tenue, jeudi dernier, à l'hôtel Tidikelt. Appelé à contenir la colère des habitants, le ministre a, pour rappel, répondu par une boutade qui a failli aggraver la situation et enflammer cette région déjà asphyxiée par la désobéissance civile. À court d'arguments sur l'absence d'effets néfastes sur l'environnement et la santé publique à travers l'exploitation des gaz non conventionnels, le représentant du gouvernement a osé dire aux présents : "Ana oualid echaâb khir menkoum." Je suis fils de peuple meilleur que vous). Une déclaration qui s'ajoute à celle prononcée, en avril 2014, par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à l'adresse des Chaouis. Quelques mois plus tard, voilà un membre de son Exécutif qui use d'un langage irresponsable pour tenter de résoudre un sérieux problème auquel fait face son secteur. Chahuté par les notables de Tidikelt, M. Yousfi s'est vite rendu compte de la gravité de ses propos et de cette déclaration. Dépêché en pompier, il a failli incendier toute une région. Pour rectifier le tir, il lancera à l'adresse de l'assistance d'In-Salah : "Ana oualid echaâb kifi kif koum." (Je suis fils du peuple au même titre que vous). Par ailleurs, il convient de signaler que le tronçon routier menant de Tahaggart vers le centre-ville a été fermé, hier matin, par les habitants de Tamanrasset en signe de protestation contre la crise de gaz butane qui sévit depuis plus d'un mois. La route a été barricadée à l'aide d'objets ferreux et de bonbonnes de gaz. R. K.