Appelé à contenir la colère des habitants d'In Salah qui entament leur 10e jour de protestation contre l'exploitation du gaz de schiste dans cette région saharienne, le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, n'a pas été convaincant.Le pire, c'est qu'il a, lors d'une réunion tenue à l'hôtel Tidikelt, avec les représentants de la société civile, défendu son projet en faisant une boutade qui a failli aggraver la situation et enflammer la région. A court d'arguments sur l'absence d'effets pernicieux et dangereux sur l'environnement et la santé publique à travers l'exploitation des gaz non conventionnels, le représentant du gouvernement a, d'un air hautain, osé dire aux présents : «Ana ouald echaâb khir Menkoum (Je suis fils de peuple meilleur que vous)». Une déclaration irresponsable, qui s'ajoute à celle prononcée, en avril 2014, par le Premier ministre Abdelmalek Sellal à l'adresse des Chaouia. Quelques mois plus tard, voilà un membre de son Exécutif qui use d'un langage irresponsable pour tenter de résoudre un sérieux problème auquel fait face son secteur d'activité. Mais comme dit l'adage, ceux qui se ressemblent s'assemblent. Les délégués des protestataires, qui ont pris à témoin le wali, le P/APW et les députés de la wilaya Tamanrasset, se sont vivement indignés contre ces propos «indignes d'un ministre d'Etat». Chahuté par les notables du Tidikelt, M. Yousfi s'est vite rendu compte de la gravité de ses propos et de cette déclaration. Dépêché en pompier, il a failli incendier toute la région. Pour rectifier le tir, il lancera à l'adresse de l'assistance d'In Salah : «Ana ouald echaâb kifi kifkoum (Je suis fils de peuple au même titre que vous)». Après près de trois heures de palabres et de négociations oiseuses, le ministre qui a défendu mordicus son projet pilote lancé à Ahnet pour l'extraction du gaz de la roche mère est reparti sans parvenir aux résultats escomptés.Les protestataires sont ainsi déterminés à durcir leur action et camper sur leur position jusqu'à la satisfaction totale de leurs revendications.