Véritable machine à marquer des buts et à battre des records, Cristiano Ronaldo a sans surprise décroché, lundi à Zürich, son troisième Ballon d'Or en devançant son éternel rival Lionel Messi et le gardien allemand Manuel Neuer. Récompensé pour la troisième fois après 2008 et 2013, le Portugais est donc désormais l'égal de Johan Cruyff (1971, 1973, 1974), Michel Platini (1983, 1984, 1985) et Marco Van Basten (1988, 1989, 1992). "Je ne pensais pas remporter ce petit ballon trois fois, mais peut-être que je vais rattraper Messi, qui sait... J'aimerais rentrer dans l'histoire du football comme étant le meilleur", a déclaré Ronaldo après avoir reçu le trophée. Car devant lui, il ne reste plus que Messi et ses quatre Ballons d'Or consécutifs (2009, 2010, 2011, 2012). Comme l'année dernière, l'Argentin doit se contenter de la deuxième marche d'un podium sur lequel il monte pour la huitième année consécutive. Comme en 2010, quand Messi avait devancé Xavi et Iniesta, les votants (capitaines, sélectionneurs et journalistes) n'ont donc pas choisi un champion du monde, Neuer étant relégué d'extrême justesse à la troisième place (Ronaldo a reçu 37,66% de l'ensemble des voix, Messi 15,76% et Neuer 15,72%). Avec Ronaldo, c'est d'abord le buteur obsessionnel qui est célébré, même si son palmarès s'est aussi allongé de quatre lignes en 2014: Ligue des champions, Coupe d'Espagne, Mondial des clubs, Supercoupe d'Europe. La fameuse "decima", la dixième Ligue des champions du Real Madrid, et l'invraisemblable bilan de 61 buts en 60 matches du Portugais ont donc facilement fait oublier son très oubliable Mondial, terminé dès le premier tour avec un seul but au compteur. Au passage, CR7, qui reste à 29 ans un phénomène physique sans équivalent, a établi un nouveau record en Ligue des champions, avec 17 buts lors de l'édition 2013-2014, dont un en finale face à l'Atletico Madrid (4-1 a.p.). Neuer n'avait aucune chance Et l'attaquant du Real Madrid reste très gourmand: avec déjà 26 buts en 17 matches de Liga, il peut viser le record établi en 2012 par Messi avec 50 buts sur la saison. L'Argentin de son côté, qui n'a pas remporté le moindre trophée en 2014, n'en a pas fait tout à fait assez pour décrocher un cinquième Ballon d'Or. Il a certes été finaliste du Mondial avec l'Albiceleste, mais si son début de tournoi a été très bon, il a perdu presque toute influence en demi-finale et en finale. Son titre de meilleur joueur de la Coupe du monde avait déjà beaucoup surpris et un nouveau Ballon d'Or aurait peut-être été de trop à l'issue d'une année qu'on ne peut pas qualifier de moyenne, mais qui n'est pas exceptionnelle selon ses standards (58 buts en 66 matches, tout de même). Face à ces deux immenses buteurs, Manuel Neuer ne pouvait rien. Le gardien allemand réunissait pourtant beaucoup d'atouts: champion du monde, il a contrairement à ses deux rivaux réussi un Mondial de premier ordre avec notamment un match extraordinaire contre l'Algérie. Avec 19 ballons joués hors de sa surface, il avait ce jour-là montré qu'il était un peu plus qu'un gardien et qu'il sentait le jeu comme aucun autre portier. "Neuer a extrêmement bien joué ces dernières années, il est champion du monde. Il défie toute concurrence, il apporte de la nouveauté dans le rôle de gardien de but, il est comme un défenseur supplémentaire, il évolue loin de sa cage, il mérite cette récompense", avait encore plaidé lundi son sélectionneur Joachim Löw. Mais Neuer l'avait dit lui-même, "les deux autres sont des marques internationales", et même avec le soutien de Diego Maradona, il ne pouvait pas lutter. Lev Yachine reste donc le seul gardien lauréat du Ballon d'Or (1963). Neuer reste même en retrait des Italiens Dino Zoff et Gianluigi Buffon, deuxièmes en 1973 et 2006. Le titre d'entraîneur de l'année est revenu à Joachim Löw, champion du monde avec l'Allemagne. Le titre de joueuse de l'année a été attribué à l'Allemande Nadine Kessler alors que le prix Puskas du plus beau but de l'année, décerné par les internautes, est revenu au Colombien James Rodriguez.