Plusieurs policiers blessés, des abribus et une agence Air Algérie saccagés, ainsi que des véhicules endommagés. Tel est le bilan d'une manifestation qui a dégénéré. Des milliers d'Algérois ont bravé l'interdiction de marcher pour exprimer leur colère contre le dernier numéro de Charlie Hebdo, jugé offensant à l'égard du Prophète Mohammed (QSSSL). Une marche qui avait timidement débuté avant de finir en émeute. Malgré le déploiement des forces de sécurité, des téméraires ont réussi à déjouer la vigilance des forces de l'ordre et à marcher là où ils pouvaient, étant donné qu'aucun itinéraire précis n'avait été préalablement arrêté. La veille, Alger a connu une distribution à grande échelle de tracts défendant le Prophète, donnant l'avant-goût d'une imposante marche pour vendredi. Mais ce ne fut pas le cas. Il y a eu des milliers d'Algérois dans les rues, un peu n'importe comment, avec une cacophonie dans les slogans, allant de ceux de l'ex-FIS aux attaques contre le président Bouteflika qui n'aurait pas autorisé la marche, jusqu'à la Palestine meurtrie par la colonisation israélienne. Les forces de sécurité semblaient maîtriser la situation, avant le début des marches. Un cordon sécuritaire impressionnant a été déployé aux alentours de l'ambassade de France, ainsi que devant la mosquée Les fidèles au serment de l'Apreuval à Kouba. Le numéro deux de l'ex-FIS, Ali Benhadj, ainsi que son concurrent, du courant salafiste, Abdelfettah Zeraoui Hamadache, ont été interpellés. À Kouba, la marche n'a pas eu lieu, mais un peu plus bas, du côté de haï El-Badr, des centaines de marcheurs commençaient à affluer à pied, à moto, et même à bord de fourgonnettes à partir des quartiers de Bourouba et de Bachedjarrah et se dirigeaient vers la place du 1er-Mai, la station du métro a été prise d'assaut par des centaines de jeunes qui voulaient à tout prix rallier le centre-ville. C'est du quartier de Belouizdad que sont partis de nombreux manifestants. La place du 1er-Mai sera prise d'assaut, en quelques minutes. Tandis que les premiers marcheurs parviennent à filer à travers les ruelles adjacentes pour continuer vers Alger-Centre, beaucoup resteront bloqués au rond-point jouxtant l'hôpital Mustapha-Pacha. Des marcheurs venus de Bab El-Oued et de La Casbah ont convergé vers la place des Martyrs, gonflant considérablement le nombre de présents. Hormis quelques tentatives de forcer le barrage policier, la manifestation se déroulait, plus ou moins, dans le calme. Idem pour la place des Martyrs, que certains marcheurs ont pu gagner. Mais les choses ne se sont pas déroulées tout à fait dans le calme, partout à travers la capitale. D'abord, aux alentours de l'APN, où les forces de sécurité ont eu un mal fou pour dégager la route, à forcer les marcheurs à se diriger vers le parking de l'Assemblée, ensuite, devant le commissariat central, sis boulevard Amirouche, où la police a eu du mal à repousser les marcheurs. Mais c'est surtout au square Port-Saïd que les choses se sont corsées, lorsque des manifestants se sont mis à jeter des pierres sur les policiers, obligeant ces derniers à user de canons à eau. La police a procédé à des interpellations à des endroits différents de la capitale, mais cela n'a pas empêché des voyous à se livrer à leur sport habituel, s'attaquant aux forces de l'ordre, saccageant l'agence Air Algérie, sise boulevard Zirout-Youcef, et refusant de quitter les lieux, malgré les sommations. Plusieurs blessés sont à déplorer, notamment du côté des forces de l'ordre. Les escarmouches se sont étendues à d'autres quartiers de la capitale, notamment Belouizdad où les forces de sécurité ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser les émeutiers. A. B.