Bien qu'ils ne soient pas nombreux, les militants politiques et associatifs ont tenu à manifester leur solidarité avec la population du Sud, qui s'est mobilisée contre l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste. Lieu du rassemblement : la place de la liberté d'expression Saïd-Mekbel, inaugurée symboliquement le 3 avril dernier par les journalistes, à l'origine du projet, et la société civile de Béjaïa. "Si on intervient dans le débat, c'est parce qu'on est concernés, au même titre que tous les citoyens de ce pays, par les questions de société qui engagent notre avenir", ont réitéré les organisateurs, en l'occurrence le Parti socialiste des travailleurs (PST), le Mouvement démocratique et social (MDS), la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh, aile de Me Zehouane), le Rassemblement action jeunesse (RAJ), le Café littéraire de Béjaïa et le Collectif culturel (CCI). Le représentant du PST dira que "cette histoire de gaz de schiste chez nous intervient dans un contexte international marqué par la crise. Ce sont les multinationales qui sont derrière cette exploitation des gaz non conventionnels". Les organisateurs ont appelé, à l'issue de leur rassemblement, à une marche populaire, mercredi prochain, pour soutenir le mouvement d'In-Salah, en demandant un moratoire jusqu'à l'acquisition d'une technologie à même de garantir la protection de l'environnement et l'arrêt immédiat de l'exploitation du gaz de schiste sur le territoire national. À Oran, des citoyens ont tenu, hier en fin de matinée, à exprimer leur solidarité avec leurs concitoyens du Sud. Suite à un appel relayé par les réseaux sociaux, un sit-in a été organisé au square Port-Saïd afin de montrer qu'"ici aussi, dans le nord du pays, nous sommes contre l'exploitation du gaz de schiste". Militants associatifs et politiques, représentants des droits de l'Homme et jeunes étudiants ont brandi, face aux agents des forces de l'ordre, des pancartes dénonçant l'exploitation du gaz de schiste. On pouvait lire notamment : "Gaz de schiste égal poison" ; "Le schiste est un génocide contre la société" ; "Non au gaz de schiste". Si la mobilisation n'a pas atteint le nombre escompté, les participants ont surtout voulu démontrer que le rejet total de l'exploitation du gaz de schiste en Algérie n'est pas circonscrit au Sud. Les participants ont convenu de se retrouver pour initier, par la suite, d'autres actions pour étendre la solidarité avec le sud du pays. À noter que contrairement à Alger, ce sit-in d'Oran n'a pas été empêché par la police qui avait quand même mobilisé plusieurs agents. Des dizaines de militants antigaz de schiste de la wilaya de Batna ont exprimé, hier, leur rejet de ce projet controversé et décrié par plusieurs spécialistes, ainsi que par de simples citoyens. Cette démonstration pacifique, qui a eu lieu près du palais de justice, a été menée par Abdellatif Keddache, secrétaire de la Fédération des fils de chouhada de la wilaya de Batna. Les protestataires ont clamé haut et fort leur indignation vis-à-vis de ce qu'ils ont considéré comme un pas irresponsable de la part du pouvoir en place, lequel n'accorderait, selon eux, aucune considération aux attentes et aux besoins réels du citoyen algérien. Pour certains, des jeunes chômeurs ayant pris part à la manifestation, l'exploitation du gaz de schiste ne bénéficierait qu'à certains. D'autres se demandent comment les responsables s'apprêtent à se lancer dans l'exploration de mines de schiste, alors qu'ils parlent de mesures d'austérité imposées par la baisse des prix du pétrole. D. LOUKIL/M. OUYOUGOUT/L. MESSAOUDI