«Nous exigeons l'arrêt immédiat de l'exploration du gaz de schiste sur le territoire national.» Environ trois à quatre cents personnes ont pris part hier matin, à Béjaïa, au rassemblement de protestation contre l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste. A l'appel du collectif d'associations et de partis politiques, constitué de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh), le Parti socialiste des travailleurs. (PST), le Mouvement démocratique et social (MDS), le Rassemblement action jeunesse (RAJ), le Café littéraire de Béjaïa (CLB) et le Collectif culturel (CCI), ainsi que l'association des amis de la faculté de médecine de Béjaïa, des citoyens militants et anonymes ont tenu à dire «NON!» à l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste dans notre pays. Le collectif de Béjaïa a appelé la communauté universitaire, les citoyennes et citoyens à participer à la marche pacifique, qui aura lieu le mercredi 28 janvier 2015. Le départ est prévu du campus Targa Ouzemour vers le siège de la wilaya à partir de 10h. Munis de pancartes exprimant leurs revendications, les manifestants ont envahi dès les premières heures du matin à la place de la Liberté Saïd- Mekbel pour soutenir le mouvement de In Salah et demander haut et fort «Un moratoire jusqu'à l'acquisition d'une technologie qui garantit la protection de l'environnement et de la santé publique». «Nous exigeons l'arrêt immédiat de l'exploration du gaz de schiste sur le territoire national», martèle un intervenant au cours de ce rassemblement. D'autres militants politiques se sont succédé pour saluer «la mobilisation pacifique des citoyennes et citoyens de In Salah et du Grand Sud de l'Algérie pour stopper l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste». Des militants connus du mouvement «Barakat» et d'autres qui se sont déplacés de Tamanrasset ont tenu à participer à cette manifestation, articulée également autour de l'exigence d'«ouvrir un débat national avec la participation de la société civile et des experts pour tracer les contours d'une nouvelle politique économique et énergétique propre qui diversifie l'économie hors hydrocarbures». Le collectif, initiateur du rassemblement d'hier a dénoncé «la décision précipitée et unilatérale des pouvoirs publics, sans débat et sans concertation d'aller vers l'exploration et l'exploitation du gaz du schiste». «Au lieu d'une politique et une stratégie économiques tournées vers des investissements créateurs de richesse et d'emploi, porteurs d'un développement durable et d'une vision pour diversifier l'économie nationale hors hydrocarbures, sans porter atteinte à l'environnement et à la santé publique, le gouvernement préfère la fuite en avant, en adoptant une politique suicidaire au détriment de l'intérêt général du pays et des générations futures», regrettent les protestataires dans un document rendu public sur place. Ils avertiront ensuite contre le risque que peut engendrer «la technique d'exploitation du gaz de schiste par fracturation hydraulique», une technique interdite en France et ailleurs de par ce qu'elle nécessite comme quantités énormes d'eau. Ce qui à terme «épuise les réserves de la nappe albienne, pollue la nappe phréatique et émet des radiations cancérigènes», notent les rédacteurs, qui interpellent la communauté universitaire, qui «ne peut rester à l'écart de ces événements». Cette institution «doit être au coeur de l'évolution, porter les aspirations de la société et être à l'avant-garde de la lutte aux côtés de la société civile».