Cinq pour cent seulement des commerçants s'appliquent au respect de la loi 215-06 promulguée 18 juin 2006 pour régir la vente par réduction. "Ici on solde !", "Prix soldés !", "Profitez de nos soldes ici même!" Bref, tout n'est que soldes à Alger, notamment au quartier huppé de Sidi Yahia, réputé pour être la destination préférée de la "jet dialna". En ce lieu-ci où une enfilade d'enseignes vantent l'index de logos d'audience internationale, les prix affichés demeurent cependant sujets à caution, particulièrement pour ce qu'est du prêt-à-porter qui enjolive à 80% le haut des devantures. De la sorte, seule une clientèle fidèle peut y apporter un gage d'assurance quant à l'authenticité des coûts prétendument revus à la baisse avec des taux qui oscillent entre 20 et 70%. Sinon, on ne peut jurer de rien, particulièrement à l'énoncé des nouveaux prix qui font de l'ombre au prix initial. Pour en savoir un peu plus sur le processus "solde", Yassine, le négociant en détail d'accessoires de coiffure et de produits cosmétiques qui a pignon sur rue, s'était joint à notre séance de shopping afin d'y déceler le... "vrai du faux" : "L'idéal est de faire le tour des magasins pour d'abord noter le prix réel hors période des soldes, qu'il reste à comparer ensuite aux prix affiché au jour J de l'ouverture des soldes. Ce n'est qu'à l'usage de ce procédé qu'il sera aisé d'authentifier les prix." D'ailleurs, c'est aussi l'avis de M. Hadj Tahar Boulanouar, le porte-parole de l'UGCAA, qui ajoute ainsi de la crédibilité aux propos de notre guide : "Il est recommandé d'établir avant-tout une liste de prix afin d'éviter d'être victime de l'arnaque de certains commerçants qui ne jouent malheureusement pas le jeu. En ce sens, le terrain des soldes est laissé aux seuls initiés qui réalisent de belles affaires." Des clients qui ne connaissent rien aux soldes ne cachent pas leur désir de réaliser d'excellentes affaires pour le fils ou la fille en âge de se marier, mais avouent à l'unisson être laissés en marge de l'événement. C'est le cas de Kahina que nous avions rencontrée à Sidi Yahia : "Bien sûr que j'aurais voulu être parmi les premières à connaître cette date et profiter au mieux de belles opportunités, mais..." Seulement, ce n'est pas l'avis de Sabrina qui déclare : "La période des soldes n'est qu'un attrape-nigaud monté de toutes pièces pour appâter la clientèle à l'aide de rabais fictifs. Ceci dit, je n'y crois pas à la vente avec pertes." De la sorte, et sans pour autant jeter la pierre contre la vitrine de qui que ce soit, force est d'admettre que la manière de faire est identique au centre-ville, singulièrement sur l'avenue Larbi-Ben-M'hidi, Didouche-Mourad et dans le prolongement de l'avenue Ferhat-Boussad (ex-Meissonnier) qui s'ouvre sur la place du 1er-Mai et l'avenue Hassiba-Ben-Bouali, où il est difficile aux ménages de séparer le bon grain de l'ivraie. Et pour cause, la plupart des devantures d'échoppes proposent d'alléchantes ristournes fluctuant entre 20% à 50%, et parfois jusqu'à atteindre la cime rêvée des 80% pour ce qui est des vêtements et la bonneterie.
N'est pas soldeur qui veut Et à ce propos, notre interlocuteur crut bon d'ajouter : "Les soldes est un acte de gestion dont l'objectif est de déstocker les articles invendus et d'emmagasiner l'arrivage d'autres nouveautés. De la sorte, chacun y trouve son compte, notamment les ménages à faibles revenus. Pour cela, la loi 215-06 du 18 juin 2006 a été promulguée à point nommé pour régir la vente par réduction. Outre cela, n'est pas soldeur qui veut, étant donné que le commerçant doit satisfaire à la constitution d'un dossier où il lui est fait obligation de produire le registre du commerce ainsi qu'un bordereau faisant état de la quantité des produits à solder, la valeur initiale du produit et l'estimation nouvelle de solde. Ce n'est qu'à la satisfaction de cette condition que le commerçant peut prétendre à l'obtention d'une autorisation dûment délivrée par la direction du commerce de la wilaya d'Alger". Seulement et sur le terrain du "lèche-vitrine", force est d'admettre qu'il est difficile d'appliquer le slogan "Comparez avant d'acheter". En effet, sachant que "seulement 5% des commerçants d'Alger s'appliquent au respect de la loi", on en viendra vite aux mains si d'aventure le client ose exiger un droit de regard sur le prix initial. Ça sera donc donner du crédit à la seule parole du commerçant. Une satisfaction toutefois, "il y eut 200 cas verbalisés durant l'exercice 2014", a tenu à préciser notre interlocuteur. Autre obligation, le lot des articles soldés doit-être séparé des autres articles maintenus à leur valeur initiale durant la période des soldes fixée pour les deux dernières semaines du mois de janvier et pendant tout le mois de février. A cela s'ajoute la seconde période de l'année commerciale fixée durant les deux dernières semaines du mois de juillet et pendant les 4 semaines du mois d'août. Autre couac, le marché informel reste cependant l'obstacle essentiel à la mise en pratique de la loi inhérente à l'organisation des soldes : "L'évolution promotionnelle du marché des soldes demeure subordonnée à l'éradication totale du marché informel. En effet, c'est à se demander pourquoi un commerçant dit légal s'investit dans les soldes, lorsqu'un contingent de camelots s'adonne en toute impunité, et à proximité de sa boutique, à la vente d'articles à des prix défiant toute concurrence. S'il en est une autre preuve de l'inefficacité des soldes, les prix bradés profitent beaucoup plus aux produits vestimentaires importés de l'étranger qu'au «mentoudj bladi»" (production nationale), a conclu notre interlocuteur. En somme, une loi ne vaut que par l'application que l'on fait réellement de la batterie de ses articles coercitifs sur le terrain même des opérations. Quant au reste, cela relève de vœux pieux.