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Des ossements en attente de ré-inhumation
Aït Yahia Moussa (Tizi Ouzou)
Publié dans Liberté le 26 - 01 - 2015

L'association des enfants de chouhada mène un combat pour exhumer tous ces ossements et leur trouver des places aux côtés de leurs frères de combat tombés au champ d'honneur.
Cela fait maintenant cinquante-six ans que des ossements de personnes ayant fui la bataille du 6 janvier 1959, qui avait eu lieu au lieudit Bougarfène, attendent d'être exhumés pour être ré-inhumés dans l'un des carrés de martyrs que compte Aït Yahia Moussa (25 km au sud-ouest de Tizi Ouzou). "Ce sont des civils. Devant la machine meurtrière de l'armée française, ils avaient fui les alentours pour se réfugier dans un tunnel de plus de vingt mètres de longueur au lieudit Afroun, à Assif n'Tleta, du côté d'Ihidoussène. Ils ne voulaient pas se rendre, alors les soldats français les avaient gazés avant de refermer sur eux l'ouverture de l'abri avec du béton. Il y avait entre vingt-cinq et cinquante personnes et un seul était armé d'un fusil de chasse", nous racontait dernièrement Aâmi Rabah, un moudjahid rescapé de ladite bataille. Notre interlocuteur nous montrera ensuite une autre tombe commune où, au lendemain de l'indépendance, ont été enterrés les ossements de douze martyrs tombés au champ d'honneur. Cette tombe se trouve sur la RN 25 à un kilomètre la sortie de l'ex-Oued Ksari, en face des poulaillers communaux. "Ils étaient tombés les armes à la main le 12 octobre 1960, juste à quelques centaines de mètres de cette tombe que vous voyez. Au lendemain de l'indépendance, le regretté capitaine Si Moh Nachid, de son vrai nom Oudni Aomar, décida d'enterrer leurs ossements à cet endroit précis ô combien symbolique, car sur le passage vers Aït Yahia Moussa. C'était cette place qui servait de podium aux officiers de l'ALN, tel le colonel Amirouche, qui y faisaient des discours et qui nous donnaient les informations au sujet de la révolution", enchaînera notre interlocuteur. L'association des enfants de chouhada mène un combat pour exhumer tous ces ossements et leur trouver des places aux côtés de leurs frères de combat. "Certes, c'est un endroit difficile d'accès. Mais nous interpellons les autorités à y ouvrir une piste. C'est un déni de laisser ces martyrs dans cet abri. Cinquante-trois ans après notre indépendance, personne ne pense à eux", nous déclarera un représentant de l'association. Aujourd'hui, tout comme pour honorer ces valeureux martyrs qui sont plus d'un millier, ainsi que les moudjahidine décédés après l'indépendance, une stèle, où seront transcrits tous leurs noms, à côté du portrait du colonel Krim Belkacem, dont la réalisation dans l'enceinte du nouveau siège APC a été énergiquement dénoncée récemment par l'Association des amis de Krim Belkacem laquelle a crié à une deuxième mort du négociateur des Accords d'Evian. Cette stèle sera réalisée sur le chemin qui mène au carré des martyrs baptisé "Carré des martyrs du 6 Janvier 1959" où sont inhumés 385 chahids tombés le même jour. Rappelons que lors d'une des grandes batailles qu'a connues la Wilaya III historique, la France coloniale avait subi de grosses pertes en laissant sur ce champ de bataille le sinistre capitaine Grazziani, le tortionnaire de la villa Susini, et le lieutenant Chassin. Ce jour-là, les généraux français qui dirigeaient les opérations avaient engagé 20 000 hommes et 20 avions de combat. A quand, donc, la ré-inhumation de ces martyrs oubliés ?
O. G.


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