Alexis Tsipras, leader de Syriza, a été désigné hier, officiellement, comme le nouveau Premier ministre de la Grèce, après avoir prêté serment devant le président hellénique, Karolos Papoulias. «Je m'engage à servir mon pays et le peuple grec», a-t-il simplement déclaré, presque sans protocole, et surtout sans la moindre présence de l'Eglise orthodoxe, pourtant habituée à ce genre de cérémonie. Le parti de la gauche radicale avait remporté largement les élections législatives anticipées de dimanche dernier, avec 36,3% des suffrages exprimés, soit un total de 149 sièges. Tsipras a été chargé également de former le nouveau gouvernement. Un peu handicapé par deux pions manquants pour avoir la majorité absolue, Syriza a été obligé d'aller les chercher auprès d'un autre parti. Un accord a été vite trouvé avec Panos Kammenos, président de Grecs indépendants (Anel), une formation de la droite grecque eurosceptique qui a fait élire 13 députés sur ses listes. «Nous allons donner notre confiance au Premier ministre Alexis Tsipras et nous participerons au gouvernement», a-t-il affirmé à la presse, quelques minutes avant la nomination de Tsipras dans sa nouvelle fonction. Pour comprendre cette alliance un peu contre-nature, avec un parti nationaliste et souverainiste, il faut remonter aux tractations menées par Syriza, en décembre dernier, pour faire tomber le gouvernement d'Antonis Samaras. Très pragmatique, Alexis Tsipras avait eu ce qu'il voulait. Il a convaincu plusieurs députés, en dehors de Syriza, dont ceux de l'Anel, de s'abstenir lors du troisième tour de l'élection présidentielle du 29 décembre 2014. Ce qui a causé la dissolution du Parlement et la démission du gouvernement Samaras. Avec cet allié purement stratégique, avec lequel la gauche radicale partage les positions anti-austérité, Syriza peut gouverner facilement. C'est donc un autre défi que lance Syriza à l'UE européenne en s'alliant avec un parti clairement anti-européen, au-delà même des questions économiques. Déjà, dimanche soir, quelques heures après l'annonce des premiers résultats, Alexis Tsipras avait déclaré devant des milliers de ses supporters, venus fêter la victoire sur l'esplanade de l'université d'Athènes, que «l'histoire de l'austérité est une page désormais tournée en Grèce». Pour lui, «le règne de la troïka est fini». Il a envoyé ensuite une pique à ses détracteurs en Grèce et en Europe. «Ceux qui misent sur notre échec seront déçus», a-t-il lancé, sûr de lui comme d'habitude. La coalition gouvernementale pourrait également s'élargir à d'autres partis comme To Potami (centre-gauche) et même au très hésitant KKE (Parti communiste grec) qui ont remporté, successivement, 17 et 15 sièges, dans le nouveau Parlement.