"Faute de grives, on mange des merles". À défaut d'avoir ce qu'ils souhaitaient ardemment, à savoir cette première place au classement, les Oranais du Mouloudia se contentent de ce qu'ils ont, en l'occurrence cette autre bien élogieuse troisième loge. Si cette place sur le podium confirme d'ailleurs les énormes progrès effectués depuis l'arrivée sur son banc de touche de Jean-Michel Cavalli, elle cache également bien les tout aussi grandes carences de ce MCO, notamment, en matière de jeu et d'efficacité offensive. Du haut de ses 25 ans d'expérience dans le métier, Jean-Michel Cavalli ne pouvait que confirmer l'impression générale constatée par tous ceux qui suivent de près le onze mouloudéen : cette équipe n'est pas vraiment faite pour "faire le jeu". Autant elle excelle lorsqu'il faut défendre en bloc, bloquer tous les accès menant au but de Natèche et se porter rapidement en attaque grâce aux contres menés par les flèches Cherif et Nekkache, autant la formation oranaise peine lorsqu'il est question de construire du jeu à partir de derrière. Cette grande différence entre le MCO "bâti pour défendre et surprendre ses hôtes en contres" quand il évolue à l'extérieur, et celui qui peine à faire le jeu à domicile, son entraîneur n'en est que "forcément conscient". "Techniquement, on ne peut pas demander plus à cette équipe" estimait, à ce sujet, le pragmatique Cavalli qui ne veut d'ailleurs surtout pas brûler les étapes. L'ancien patron technique des Verts a certainement raison : voilà maintenant 4 mois seulement, autrement dit, le soir de son arrivée à Oran, le MCO, avec un effectif plus étoffé (Benatia, Bahloul et Zaâbiya sont partis depuis), traînait dans les bas-fonds du classement avec trois défaites en quatre journées de championnat. Depuis, les Hamraoua ont glané 24 points en 13 rencontres avec une moyenne de presque 2 unités par 90 minutes jouées (1,84 pour davantage de précision). En gagnant deux rencontres à l'extérieur, face à l'Entente de Sétif, puis la JS Kabylie à trois jours d'intervalle, Jean-Michel Cavalli a mené le MCO à un exploit jamais réussi depuis 10 ans. S'il parvient à le hisser à la première place du classement, le technicien corse réaliserait un rêve que les Oranais attendent depuis 15 ans, du temps où le club présidé par le regretté Kacem Elimam jouait le titre. Et si, par un miracle footballistique qui relève du possible, l'entraîneur français menait le club d'El-Hamri au titre, il mettrait fin à 22 ans de disette en championnat, mais mériterait surtout, non pas seulement le titre de "sorcier blanc" comme sont dénommés les techniciens européens qui réussissent sur le continent noir, mais plutôt celui de maître alchimiste ! F. R.