Forces contradictoires L'Algérie risque de perdre 25 à 30 milliards de dollars en 2015 en raison de l'effondrement des cours du pétrole. En ce sens, beaucoup d'experts internationaux estiment que ce cycle baissier va se prolonger au-delà de 2015. D'aucuns ne pronostiquent une remontée des cours du brut à 90 dollars qu'à l'horizon 2019. Dans ce scénario, la situation financière de l'Algérie pourrait se dégrader davantage. Le plan B pourrait être appliqué avec des cours du brut entre 40 et 60 dollars durant l'année 2015. Il pourrait prévoir la révision de la politique des subventions, la participation des citoyens aux frais de santé dans les hôpitaux, des loyers des logements sociaux plus chers.
Mais à très court terme, c'est-à-dire au cours des six prochains mois, le danger le plus important s'avère la dévaluation du dinar. Premier signal rouge, la dépréciation du taux du dinar sur le marché parrallèle qui correspond pour l'économiste Benissad à la vraie valeur du dinar. L'euro s'échange ces jours-ci contre 160 DA, contre 157 DA au cours de l'été dernier. Il faut donc beaucoup plus dinars pour avoir des euros aujourd'hui. Sur le marché officiel, des experts prévoient une dévaluation du dinar au cours de l'année 2015. Car la force du dinar reflète la solidité de l'économie. Or aujourd'hui, les clignotants macro-financiers sont au rouge et la machine productive tourne au ralenti. Cette aggravation de la situation financière risque d'affecter l'évolution des cours du dinar. Imaginez une perte de la valeur du dinar entre 5 et 10%, conséquence de la chute des revenus en devises du pays en raison de l'effondrement des cours du pétrole. Cet affaiblissement du dinar aura une conséquence désastreuse sur le pouvoir d'achat des Algériens. Déjà le glissement du dinar au cours des deux dernières années a entraîné un renchérissement des produits de large consommation que le système statistique national, curieusement, ne perçoit pas. Le processus d'érosion plus significatif du pouvoir d'achat des Algériens ne pourrait être cette fois-ci ralenti en raison de l'absence de ressources financières suffisantes pour acheter la paix sociale. On pourrait éviter ce scénario par une rationalisation des dépenses publiques, une diminution significative des importations, une relance de l'industrie et un développement des exportations hors hydrocarbures. Mais la difficulté de l'exercice réside en ceci : il faut au moins deux à trois ans pour que ces mesures portent leurs fruits. Dans l'intervalle, on peut atténuer les effets de cette crise. Dans le cas contraire, le risque est grand de voir la grogne sociale s'élargir jusqu'à gripper le fonctionnement du pays. A moins que nos gouvernants prennent le taureau par les cornes et décident en premier lieu de serrer la ceinture pour montrer l'exemple et afficher une forte volonté de mettre en œuvre les mesures les plus courageuses pour surmonter cette crise dont l'onde de propagation pourrait être plus importante au cours des prochains mois. Nombre d'observateurs sur ce plan restent sceptiques. Espérons que l'urgence permettra de transcender ces forces contradictoires dans cet élan de sauvegarde de la sécurité financière du pays.