Le 8e prix Matoub-Lounès contre l'oubli a été décerné par l'association Amgoud de Draâ El-Mizan à trois personnalités. Il s'agit de Boudjemaâ Agraw, artiste engagé et ami du Rebelle, Me Mokrane Aït Larbi, avocat et militant des droits de l'Homme, et enfin à Nassera Dutour, de l'association SOS disparus. Ce prix est décerné, chaque année, à des personnalités en guise de reconnaissance pour leur combat pour la démocratie et les droits de l'Homme. L'un des principaux critères sur lesquels le prix est décerné est de partager les idéaux que défendait Lounès, notamment la défense de l'amazighité. Pour cette 8e édition, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer "une perversion" de ce prix. Si Boudjemaâ Agraw, artiste engagé, mérite amplement la distinction, de même que Mokrane Aït Larbi, le fait de le décerner à Nassera Dutour soulève bien des interrogations, disent ces voix. En effet, le parcours militant de Lounès et de Mme Dutour sont beaucoup plus à l'opposé qu'à la convergence. Le défunt Matoub était un patriote engagé. Son engagement dans la chanson était traduit par son implication directe dans le combat contre le terrorisme islamiste. Nassera Dutour, tout comme l'association qu'elle préside, qualifiait les patriotes "de miliciens" au service "d'une dictature militaire". Son combat d'hier et actuel n'est pas exempt de reproches politiques. La question des disparus, même si elle relève de la question des droits de l'Homme, l'arrière-pensée politique est tout simplement le "qui-tue-qui ?". Lounès avait inscrit son combat contre la bête immonde et contre le pouvoir. "C'est une offense à sa mémoire et à son combat", a estimé Hamid Ouaraz, ancien patriote et ami très proche de Lounès. "C'est avec stupeur et consternation que je viens d'apprendre que le prix Matoub contre l'oubli a été décerné à une femme qui défend l'opposé de ce qu'avait défendu Lounès", a-t-il ajouté, rappelant qu'il avait assuré la sécurité de Lounès et de sa famille pendant une longue période. "Lounès était un patriote", a-t-il rappelé, soutenant qu'il aurait aimé voir les initiateurs de ce prix le remettre à titre posthume aux deux patriotes de Tassaft, Djaffer Ouahioune et Kamel Aït Hamouda, "assassinés parce qu'ils avaient assuré la sécurité de Lounès". M.M.