D'un côté, Washington use de son droit de veto pour bloquer une résolution du Conseil de sécurité contre Tel-Aviv, et de l'autre, presse le “quartette” de créer un Etat palestinien en 2005, au plus tard. Pendant qu'Israël poursuit ses opérations militaires en territoires occupés, qui font quotidiennement des victimes palestiniennes, les Etats-Unis continuent à jouer au protecteur de l'Etat hébreu aux Nations unies. Vendredi dernier, une résolution initiée par la Syrie, condamnant Israël pour “les meurtres de plusieurs employés des Nations unies” dans les territoires palestiniens, a été bloquée par le représentant américain qui a usé du droit de veto dont disposent les Etats-Unis. La plupart des vetos de Washington concernent des résolutions relatives au Proche-Orient et touchent Tel-Aviv. C'est une règle pour la Maison-Blanche d'empêcher toute condamnation de son protégé israélien. Habituée à la tactique du double jeu pour amadouer l'autre partie, l'Administration Bush presse d'un autre côté le “quartette”, dont elle est membre, d'arrêter un processus qui aboutira à un Etat palestinien en 2005. La réunion de ce groupe, où l'on retrouve la Russie, l'ONU et l'Union européenne aux côtés des Etats-Unis, a été marquée par des divergences, surtout par le désaccord américain sur le lancement d'une “feuille de route” pour un règlement du conflit israélo-palestinien. Là encore, George Bush fait état de son art du double jeu, en annonçant, d'une part, son attachement à cette “feuille de route” et en bloquant, d'autre part, sa publication formelle avant les législatives israéliennes, prévues pour le 28 janvier prochain, à la demande du gouvernement d'Ariel Sharon. Un camouflet de plus pour la communauté internationale, notamment pour l'Union européenne, qui avait recommandé l'adoption de ce document au cours de ce rendez-vous, afin de donner au plus vite un signe positif de la volonté internationale de régler ce conflit. Il faut donc attendre l'issue des législatives israéliennes pour connaître tout le contenu de l'initiative danoise, avalisée par le “quartette”, mais gardée secrète par un veto américain. Le texte, qui a sanctionné les travaux, appelle à “un cessez-le-feu immédiat et total”. Bien entendu, il s'adresse aux Palestiniens d'abord : “tous les Palestiniens, qu'il s'agisse de groupes ou d'individus, doivent mettre fin aux actes de terreur contre les Israéliens, en tout endroit”, et appelle au retrait des forces israéliennes des zones palestiniennes “une fois le calme revenu”. Tel-Aviv est toujours protégé. Le “quartette” se déclare favorable à des élections palestiniennes, en vue de bâtir des institutions “fortes et démocratiques”. Programmées pour le 20 janvier 2003, les élections palestiniennes seront certainement reportées, comme le recommande le Parlement de ce pays. L'annonce officielle du report devrait se faire aujourd'hui par Yasser Arafat. La partie palestinienne estime que la situation sur le terrain ne permet pas la tenue de ce scrutin. En effet, la présence permanente de l'armée israélienne empêche le déroulement du vote. À titre d'exemple, hier, les soldats de Sharon ont morcelé la bande de Gaza en trois parties empêchant la circulation des Palestiniens sur les routes reliant le nord au sud. Israël fait la loi même dans les territoires occupés, sans crainte de condamnation par la communauté internationale, car les Etats-Unis veillaient au grain sur sa sécurité. K. A.