L'ONU a de nouveau été humiliée par le veto opposé par les Etats-Unis au projet de résolution présenté par le groupe arabe. Les Etats-Unis sont venus, une nouvelle fois, au secours d'Israël en opposant leur veto à un projet de résolution présenté par deux pays arabes, la Syrie et le Soudan, tendant à faire protéger le président palestinien, Yasser Arafat, menacé de mort par Israël. Comme en mars 2001, lorsque Washington a bloqué, par son veto, un projet de résolution du Conseil de sécurité, recommandant l'envoi d'une force d'interposition internationale dans les territoires palestiniens occupés, les Etats-Unis viennent ainsi de récidiver en usant de leur droit de veto, qu'ils mettent au service d'Israël, tout en plaçant la communauté internationale devant le fait du prince. Expliquant pourquoi son pays a décidé d'user de son veto, l'ambassadeur américain auprès de l'ONU, John Negroponte, indique que «le projet de résolution ne comportait pas de référence spécifique sur les menaces», que représentent selon lui, «les mouvements terroristes», entendre par là, les résistants palestiniens, escamotant de la sorte le problème de fond, qui reste le dossier israélo-palestinien, est que l'urgence de l'heure, consiste dans la menace qui pèse sur la vie du président palestinien. En réalité cela n'est pas du tout une surprise dans la mesure où Américains et Israéliens ont tenté, jusqu'ici en vain, de cantonner le conflit proche-oriental dans un sens unique, celui de la lutte contre la résistance palestinienne, assimilée arbitrairement par Israël et les Etats-Unis au terrorisme. M.Negroponte a également affirmé «nous pensons que M.Arafat est une partie du problème mais nous pensons que ce problème sera mieux résolu par l'isolement diplomatique». L'ambassadeur des Etats-Unis omet seulement de relever que si Yasser Arafat est l'un des «problèmes», il ne fait pas de doute qu'Ariel Sharon, le boucher de Sabra et Chatila en est un autre, sinon le principal, comme le rappelait à juste raison, le représentant palestinien auprès de l'ONU, Nasser Al-Kidwa, lequel répondant au représentant israélien, qui se félicitait de l'emploi du veto par Washington, indique «c'est aujourd'hui le 21ème anniversaire du massacre de Sabra et Chatila. Vous vous en souvenez, Monsieur Sharon?» En effet, c'était en septembre 1982, lorsque des centaines de Palestiniens ont été assassinés dans les deux camps de réfugiés au Liban. Sharon qui supervisa l'assaut était alors ministre de la Défense. Une enquête du parlement israélien, avait à l'époque démontré son implication, ce qui avait alors contraint Sharon à démissionner. C'est ce personnage aujourd'hui Premier ministre d'Israël, dont les crimes sont couverts par les Etats-Unis, qui veut faire assassiner le président Arafat. De fait, c'est la 77e fois que Washington use de son veto, dont près de la moitié, pour protéger Israël chaque fois qu'il a été condamné par le Conseil de sécurité pour ses forfaits dans les territoires palestiniens occupés. Ce veto apposé au projet arabe par Washington a surtout été une nouvelle humiliation pour l'ONU ainsi totalement déconsidérée, car impuissante, notamment à faire appliquer par Israël les nombreuses résolutions, parmi lesquelles les résolutions 242 et 338 qui exigeaient le retrait d'Israël des territoires palestiniens occupés, votées ces trois dernières décennies. Le projet de résolution présenté par la Syrie et le Soudan, ne demandait même pas la condamnation d'Israël, mais «exigeait qu'Israël, la puissance occupante, s'abstienne de procéder à la déportation et cesse toute menace à la sécurité du président élu de l'Autorité palestinienne» appelant le Conseil de sécurité à «exprimer son appui sans réserve aux initiatives du quartette et demande de redoubler d'efforts pour assurer la mise en oeuvre de la feuille de route par les deux parties». C'est donc ce projet dont l'objectif, outre de protéger M.Arafat, restait essentiellement à conforter la feuille de route que les Etats-Unis ont rejeté, démontrant ainsi une lecture à sens unique de la problématique proche-orientale, favorable au seul Etat hébreu, immunisé contre toute condamnation de la communauté internationale et impuni pour les forfaits qu'il commet contre le peuple palestinien. A juste raison, le ministre palestinien chargé des négociations, Saeb Erakat, a déploré l'usage du veto par les Etats-Unis comme étant «un jour noir dans l'histoire de l'ONU et des Arabes. J'espère qu'Israël n'interprétera pas cette décision de tuer la résolution comme un permis de tuer le président Arafat» regrettant que «les Etats-Unis fournissent une protection à l'Etat d'Israël et fait preuve de tolérance vis-à-vis de lui, en le traitant comme un Etat au dessus des lois». Et c'est bien ce traitement de faveur envers Israël qui constitue depuis des années, le principal frein et le blocage primordial du processus de paix qui a toujours buté sur la prétention d'Israël d'imposer la «paix israélienne» à toute la région du Proche-Orient.