Elle a une nouvelle fois usé de son droit de veto pour stopper une résolution de l'ONU. Une nouvelle fois, Israël échappe à une condamnation de la part des Nations unies par l'usage que font les Etats-Unis de leur droit de veto au Conseil de sécurité mis à la disposition d'un régime qui a fait du terrorisme d'Etat le principe cardinal de sa politique. Le rejet de la résolution - adoptée par onze voix, trois abstentions (Allemagne, Grande-Bretagne et Roumanie) et le contre (veto) américain - explique en fait le blocage qui est celui du dossier du conflit israélo-palestinien, réduit par Israël et les Etats-Unis à un problème de lutte antiterroriste alors que sa quintessence reste l'occupation israélienne des territoires palestiniens de Ghaza, de Cisjordanie et de la ville de Jérusalem-Est. L'occupation israélienne nourrit depuis quarante ans la résistance qu'Israël persiste à qualifier de terroriste occultant par là la raison essentielle de la violence qui reste l'occupation des territoires palestiniens considérés par Israël comme faisant partie de son «espace vital». Et le veto américain, tout en assurant l'impunité à Israël, conforte l'arrogance d'un pays qui n'a jamais été soumis aux lois internationales qui régissent les autres nations. Désabusé, l'ambassadeur d'Algérie à l'ONU, Abdallah Baali, qui présenta le projet de résolution au nom du groupe arabe de l'ONU, a regretté après le vote qu'une fois de plus «le Conseil de sécurité fait défaut au peuple palestinien», indiquant «c'est un triste jour pour la Palestine et c'est un triste jour pour la cause de la justice». M.Baali a déclaré par ailleurs: «Un projet de résolution sur la situation à Ghaza qui a recueilli plus que la majorité requise, a été mis en échec par un veto». En effet, pour qu'un projet devienne résolution de l'ONU il faut qu'il soit adopté par au moins neuf membres (sur les quinze que compte le Conseil de sécurité) et ne pas faire l'objet d'un veto de la part de l'un des membres permanents du Conseil (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie). Ainsi, lorsqu'elle manque d'arguments, la diplomatie américaine fait usage du veto qui, plus d'une fois, sauva Israël de la condamnation internationale. Le texte présenté au vote du Conseil de sécurité, pourtant modéré, exigeait «la cessation immédiate de toutes les opérations militaires dans le nord de Ghaza et le retrait des forces d'occupation israéliennes de cette zone». Le texte demandait également à Israël «puissance occupante, à assurer l'accès libre et la sécurité des personnels des Nations unies et (...) le respect de l'inviolabilité des installations de l'ONU sur le terrain, y compris de l'Agence de l'ONU (Unrwa)». Qu'y avait-il de plus urgent et juste que d'exiger d'Israël d'arrêter les massacres qu'il commet contre le peuple palestinien? A l'évidence ce n'est pas l'avis de l'ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU, John Danforth, selon lequel le projet était «non sincère» et «manquant d'objectivité et de crédibilité» «passant sous silence» les attaques à la roquette dont Israël est victime. Ainsi, M.Danforth qui a vu les roquettes Qassam, n'a rien vu des F15 et F16 israéliens, des hélicoptères de combat Apache et Cobra, des chars et blindés qu'Israël utilise massivement contre la population civile palestinienne depuis le 28 septembre dernier, début de la vaste offensive contre le nord de la bande de Ghaza. D'autre part, M.Danforth qui semble ignorer que les territoires palestiniens sont des territoires occupés, se fait l'avocat d'Israël (il donne même le chiffre de Qassam tombés en Israël ces dernières années mais ne souffle mot des destructions commises par l'armée israélienne, des assassinats ciblés de responsables palestiniens) et administre des leçons à l'ONU, déclarant: «Au bout du compte, une telle résolution enhardit les terroristes, encourage les contre-attaques et contribue au but ultime des terroristes qui est de faire dérailler le processus de paix. Le Conseil de sécurité devrait inverser le flot incessant de résolutions anti-Israël et faire pression équitablement sur les deux côtés pour qu'ils retournent sur le chemin de la paix». Certes, toutefois le représentant permanent américain qui ne voit dans les Palestiniens que des terroristes, occulte le fait que l'impasse du processus de paix est du fait qu'Israël qui a réoccupé les territoires autonomes palestiniens depuis l'arrivée au pouvoir d'Ariel Sharon lequel a mis en stand by la «Feuille de route» (plan de paix international parrainé par les Etats-Unis, la Russie, l'Union européenne et les Nations unies). De fait les actions de l'armée israélienne dans les territoires occupés rendent quasiment caduc le concept de deux Etats que préconise le plan en question. En fait, le veto systématique dont Washington use pour protéger Israël n'est pas lui-même équitable car, d'une part il encourage l'Etat hébreu dans sa politique irrédentiste et d'autre part ne prend pas en compte les réalités du conflit israélo-palestinien dont les soubassements demeurent l'occupation des territoires palestiniens. Il est vrai qu'en période de campagne électorale, à quelques semaines des présidentielles, comme le sont actuellement les Etats-Unis, on se s'arrête pas à ce forfait de l'armée israélienne qui a froidement criblé de 20 balles dans le corps une fillette de 13 ans s'en allant à l'école. Il est vrai aussi que c'était là juste une petite Arabe assassinée par Israël. De fait, la mort quotidienne de dizaines de Palestiniens ne semble nullement déranger la conscience universelle et ce ne sont pas les Américains qui vont mettre un terme aux tueries de Palestiniens en signifiant à Israël une ligne rouge.